Vocabulaire, syntaxe ou encore raisonnement verbal, les jeunes enfants français ayant un grand frère parlent moins bien que les autres, selon une étude publiée dans la revue "Psychological Science".
Pour arriver à ces conclusions, des chercheurs du CNRS, de l’hôpital Robert-Debré AP-HP, de l’EHESS, de l’ENS et de l’Inserm ont suivi 1.000 enfants français, de leur naissance à leurs cinq ans et demi.
"Les enfants ont été testés à 2 ans, 3 ans et 5 ans et demi, et le retard semble identique aux trois âges. En revanche, ils n’ont pas été suivis au-delà, donc nous ne pouvons pas dire dans quelle mesure cet effet perdure", explique à l'AFP Franck Ramus du laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique à l'Ecole normale supérieure, coauteur de l'étude. Selon les chercheurs, le retard observé est en moyenne de 2 mois.
Plusieurs travaux avaient déjà montré que les enfants ayant un aîné avaient de moins bonnes performances linguistiques que ceux qui n'en avaient pas, les parents étant moins disponibles mais on pensait qu'il en était ainsi que l'aîné soit une fille ou un garçon.
Or "seuls les grands frères impacteraient les capacités linguistiques de leurs cadets, précise un communiqué du CNRS. "Les enfants ayant une grande sœur présentent un développement identique aux enfants n’ayant pas d’aîné".
Mais pourquoi avoir un grand frère ralentirait-il plus l'acquisition du langage que d'avoir une grande soeur ? Les chercheurs avancent deux hypothèses qu'ils ne peuvent départager en l'état actuel des recherches.
Les sœurs aînées pourraient parler plus à leurs cadets. "Les sœurs aînées peuvent être plus prédisposées ou mieux formées à agir comme aidantes que les frères ainés ou bien tout simplement être des camarades de jeux plus bavardes ou mieux disposées", notent les chercheurs dans l'étude.
D'autant plus que "jusqu'à l'âge de 5/6 ans, les petites filles sont plus avancées sur le plan linguistique que les petits garçons" et peuvent donc s'avérer de meilleurs modèles. Autre explication possible : "un frère aîné peut être plus exigeant envers ses parents qu'une sœur aînée", un surplus d'attention parentale qu'il subtiliserait à ses cadets.
"Notre échantillon a été constitué à partir de la population française et les résultats ne peuvent pas être généralisés à d'autres cultures", préviennent les chercheurs qui souhaiteraient justement examiner l’impact de la culture (notamment l'origine géographique) sur ces résultats.