Alors que le jury du prix Goncourt a dévoilé ce mardi sa première sélection des romans en lice, Bernard Pivot, le président de l’Académie, a expliqué pourquoi le roman polémique de Yann Moix, «Orléans», salué par la critique avant l'exhumation d'anciens dessins antisémites, n’a pas été sélectionné.
«Il y a trois raisons, la première raison elle est littéraire, quelques-uns de mes camarades ont trouvé que la deuxième partie était nettement moins bonne que la première qui raconte les tortures qu’il aurait subies dans la maison familiale», a-t-il déclaré au micro de RTL.
D’autre part, cet ouvrage, au fil duquel l’écrivain n'occulte aucune des raclées et des humiliations que lui font subir ses parents, notamment son père, décrit comme un cruel bourreau d'enfant, a déclenché une véritable tempête familiale. Or, «l’académie Goncourt n’aime pas trop lorsqu’un livre est contesté par le père, contesté par le frère», a ajouté l'ancien animateur.
Yann Moix à un très gand talent
Enfin, «la troisième raison qui a été évoquée par l’un d’entre nous, c’est que si on le met sur la liste des Goncourt, fatalement tous les réseaux sociaux vont nous accuser de faire la promotion de l’antisémitisme à travers un antisémite», a-t-il confié. En effet, après les révélations de L’Express, Yann Moix a reconnu avoir dessiné des caricatures antisémites et écrit des textes négationnistes dans un magazine étudiant alors qu’il était à Sup de Co avant d’intégrer Sciences-Po.
L’écrivain de 84 ans a par ailleurs précisé que «Yann Moix a un très grand talent, il a une culture immense mais malheureusement il a un goût immodéré pour la contestation, la provocation», en lui conseillant de «se couper des médias, (...) de rentrer à l’intérieur de lui-même et dans le silence, dans la paix, d’écrire les grands livres qu’il porte en lui». Avant de conclure : «peut-être un jour aura-t-il le Goncourt comme il le souhaite».