Au premier jour du Grenelle des violences conjugales, introduit ce mardi 3 septembre à Matignon par le Premier ministre Edouard Philippe, le chef du gouvernement a dévoilé de premières mesures afin de renforcer la lutte en la matière. Très attendues, celles-ci ont pourtant globalement déçu les associations féministes.
Dans une déclaration transmise à CNEWS, Caroline De Haas, initiatrice et porte-parole du mouvement #NousToutes, n'a ainsi pas caché son amertume et commente : «On est venues, on a vu, on est déçues».
Pour la militante, «le premier ministre refuse de s’engager sur des moyens financiers, comme s’il pouvait y avoir une politique publique efficace sans moyens dédiés».
Parmi les mesures annoncées par Edouard Philippe, figurent notamment la création de 1.000 nouvelles places d'hébergement et de logement d'urgence, un audit de 400 commissariats pour repérer les dysfonctionnements ou encore la mise en place de «grilles d'évaluation», censées encourager les victimes à porter plainte.
On est venues, on a vu, on est déçues. #GrenelleViolencesConjugales
— #NousToutes (@Nous_Toutes) September 3, 2019
Un catalogue d'actions et de dispositifs dont beaucoup sont prévus à compter de l'an prochain, ce que n'a pas manqué de souligner Caroline De Haas.
«Le Premier ministre annonce un empilement de mesures qu’il qualifie de mesures d’urgence mais qui s’appliqueront pour beaucoup d’entre elles en 2020. Certaines de ces mesures consistent en des audits. Ce n’est pas à la hauteur», a-t-elle résumé.
Un point de vue que partage également Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole d'Osez le féminisme. Sur les audits plus particulièrement, alors même que les femmes sont «des milliers à pouvoir raconter» les dysfonctionnements rencontrés.
Les audits commissariats et gendarmeries... Nous sommes des milliers à pouvoir vous raconter.
Manque de confidentialité.
Mise en culpabilité.
Bâtiment dans lequel on croise son agresseur.
Recueil dans des bureaux partagés.
3h30 de dépôt de plainte. Peu de répit, pas de soin...— Raphaëlle Rémy-Leleu (@RaphaelleRL) September 3, 2019
L'Education absente des premières mesures
Autre grief qui émane des associations, l'absence de mesures éducatives parmi les premières mesures dévoilées.
Là encore, Caroline De Haas commente : «Le premier ministre ne dit pas un mot de l’Education, ni de la formation des professionnels».
Elle déplore par ailleurs qu'Edouard Philippe «ne s’est pas engagé sur une campagne de prévention à la hauteur et ne donne aucune perspective sur la façon de faire appliquer réellement l’ordonnance de protection».
En résumé, la militante dit avoir trouvé le lancement du Grenelle des violences conjugales «décevant», ajoutant «qu'il reste trois mois pour redresser la barre. Et en finir pour de bon avec les violences sexistes et sexuelles».
De son côté, Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes semble plus optimiste. Elle signale, dit-elle, «des choses très intéressantes», notamment sur la notion d'autorité parentale.
« Il y a des choses très intéressantes sur la notion d’autorité parentale. Peut-être moins sur les audits dans les commissariats car il suffit d’écouter les femmes pour voir les problèmes » @AnneCMailfert #GrenelleViolencesConjugales
— Anna Cuxac (@AnnaCuxac) September 3, 2019
Lors de sa prise de parole, le Premier ministre a en effet annoncé que désormais, lorsqu'une plainte aura été déposée, la justice pourra suspendre ou aménager l'exercice de l'autorité parentale du conjoint violent.
Elle reste toutefois plus sceptique concernant les audits dans les commissariats. Car, pour elle aussi, «il suffit d'écouter les femmes pour voir les problèmes».