Un rapport, encore partiel et confidentiel du gendarme du ferroviaire EPSF, révélé par le Parisien, pointe plusieurs problèmes de maintenance à la SNCF ayant conduit à des accidents comme celui de Brétigny en 2013.
En contrôlant eux-mêmes les voies ferrées, les enquêteurs de l'EPSF ont trouvé des «dizaines d'anomalies», dont certaines pouvant affecter la sécurité, qui ne figuraient pas dans les rapports SNCF. La dernière tournée d'inspection remontait pourtant à une semaine, souligne le quotidien.
Dans un article mis en ligne mardi, Le Parisien évoque ainsi des fils électriques rongés à plusieurs endroits et des éclisses (pièces métalliques reliant deux rails) avec des boulons desserrés ou manquants. Ce dernier élément avait joué un rôle essentiel dans le déraillement du train Intercités Paris-Limoges à Brétigny-sur-Orge (Essonne) qui avait fait sept morts et plus de 30 blessés le 12 juillet 2014.
Le rapport de l'Etablissement public de sécurité ferroviaire (EPSF), couvrant l'audit technique de 14.000 km du réseau SNCF (qui en compte 30.000 au total), pointe aussi «plusieurs centaines d'anomalies» qui «n'ont pas été traitées dans les délais».
Vigilance du côté de l'Etat
Interrogé aujourd'hui sur RTL, la ministre des Transports Elisabeth Borne a promis mercredi «des correctifs» aux problèmes de maintenance à la SNCF, issues selon elle de «décennies de sous-investissement et de "tout-TGV"». «On va tous être vigilants à ce que des correctifs soient apportés à court et moyen terme», a-t-elle assuré.
De son côté, la SNCF a confirmé la teneur du rapport technique d'audit, tout en minimisant les conclusions tirées par le quotidien. «Si l'EPSF avait noté des situations graves ou des écarts graves, il a l'obligation de demander des mesures conservatoires immédiates, ce qui n'est pas le cas» a souligné un responsable.
«Pour juger de l'état de la sécurité, il faut regarder le nombre d'"accidents de sécurité remarquables" signalés par l'EPSF, et qui a baissé de 30% en trois ans» a indiqué la même source.
Des contrôles plus nombreux depuis Brétigny
Depuis Brétigny, «le contrôle et la sécurité ont été complètement remis à plat, avec notamment le lancement de plusieurs trains de surveillance bardés de capteurs électroniques, baptisés Surveil, qui sillonnent jour et nuit le réseau pour vérifier l'intégrité du réseau», a ajouté ce responsable. Selon lui, «il n'y a jamais eu autant de contrôles, ce qui est une bonne chose».
La CGT-Cheminots, premier syndicat de la SNCF, dénonce dans un communiqué un «recours massif à la sous-traitance» et la diminution des effectifs cheminots et réclame «des moyens humains, matériels et financiers» pour «maintenir un haut niveau de sécurité sur les infrastructures ferroviaires».
La ministre Elisabeth Borne a rappelé que le gouvernement s'était engagé il y a un an à porter l'effort de modernisation des voies ferrées à 3,6 milliards d'euros par an, soit «50% de plus que ce qui se faisait au cours de la dernière décennie». «Il faut que tous ces travaux se mettent en oeuvre, ce qui est un véritable défi pour la SNCF», a-t-elle insisté.