Des agriculteurs anti-Ceta ont muré jeudi soir la permanence de la députée LREM Corinne Vignon à Toulouse, avant de déverser du fumier devant la permanence d'une autre députée LREM, Monique Iborra, puis devant la préfecture de Haute-Garonne.
Souhaitant condamner les parlementaires ayant voté en faveur de ratification au traité de libre-échange entre l'Europe et le Canada (Ceta), les agriculteurs en colère ont posé vers minuit une dizaine de parpaings, condamnant la porte d'entrée à la permanence de Corrine Vignon. Le président de la FDSEA 31, Christian Mazas a justifié devant la permanence murée une «action symbolique» et sans casse. «On est juste venu lui dire que si elle est sourde à nos appels, on ne voit pas l'intérêt à ce qu'elle continue à être députée», a-t-il déclaré.
Puis, les agriculteurs ont déversé deux tonnes de fumier devant la permanence à Tournefeuille (ouest de Toulouse) de la députée Monique Iborra, cette dernière a fustigé sur son compte Twitter une action «irresponsable» et «inutile».
— France Bleu Occitanie (@bleuoccitanie) August 1, 2019
je remercie très sincèrement les agents de @TlseMetropole qui sont à pied d’œuvre depuis 6h du matin pour permettre l’accès à l’immeuble où se situe ma permanence pic.twitter.com/OmxjBUYu44
— Monique Iborra (@MoniqueIborra) August 2, 2019
L'ancienne socialiste a également publié un communiqué pour justifier son vote en faveur du Ceta, un traité qui va permettre, selon-elle, «de faire connaitre et d'imposer à nos partenaires d'outre-Atlantique notre niveau d'exigence en matière de climat, d'environnement et de précaution sanitaire».
Les députés invités à parler du Ceta, aucun ne vient
La Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles avait convié lundi les dix députés de Haute-Garonne (en majorité LREM) pour une discussion autour du traité controversé, récemment ratifié à l'Assemblée nationale. «Mais aucun n'est venu, alors à notre tour d'aller vers eux», a lancé Christian Mazas.
«Cette députée, comme d'autres, a voté pour le Ceta, alors qu'il y a quelques mois, lors des Etats généraux de l'alimentation (la loi Egalim), ce sont les mêmes qui ont voté pour que la France élève son niveau de production, et que les agriculteurs français aient des normes à respecter plus exigeantes que dans d'autres pays», a-t-il déploré.
concurrence déloyale et risque sanitaire ?
Le Ceta, qui supprime notamment les droits de douanes sur 98% des produits échangés entre les deux zones, est vivement critiqué en France par les agriculteurs et des ONG. Ils craignent une concurrence déloyale ainsi qu'un risque sanitaire pour l'Europe, le Canada n'ayant pas des normes aussi strictes que le Vieux Continent en matière notamment de viandes animales.
«On soupçonne aussi que les céréales qui vont arriver en France soient séchées avec du glyphosate. Et contrairement à ce qui est dit, la France n'a pas les moyens de contrôler toutes les marchandises qui entrent sur son territoire », a avancé le syndicaliste.
«Le texte doit maintenant être soumis au Sénat et on espère qu'il reviendra à l'Assemblée nationale en deuxième lecture», a-t-il ajouté, appelant les députés à «bien se renseigner et à vraiment prendre la mesure de leur vote».
Cibles d'insultes ou de violences au plus fort de la crise des gilets jaunes cet hiver, les parlementaires sont de nouveau visés depuis plusieurs jours, en particulier les députés LREM ayant voté le 23 juillet en faveur de la ratification du Ceta. Une quinzaine de permanences, notamment celle du délégué général de LREM Stanislas Guerini à Paris, ont été murées, taguées ou vandalisées, suscitant une condamnation de la classe politique.