Après avoir réétudié la trajectoire du vol MH370 de la Malaysia Airlines, qui avait disparu des écrans radars avec 239 personnes à bord, dans la nuit du 8 mars 2014, un groupe d’experts en aviation civile avait accrédité la thèse d'un crash volontaire du pilote en juillet 2018. L'enquête qui se poursuit en France vient de connaître une nouvelle avancée.
Selon des informations du Parisien, les Etats-Unis, où se sont rendus les juges et les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie des transports aériens (SR GTA), entre le 22 et le 24 mai dernier, ont confirmé qu’il y avait quelqu'un derrière le manche lorsque l'avion s'est abîmé dans l'Océan indien.« Les juges nous ont indiqué que rien ne permet de dire que le pilote est impliqué», prévient Me Marie Dosé, avocate d'un proche de plusieurs victimes.
La piste du suicide est «la plus plausible»
Cependant, dans les cercles très proches des investigations, révèle Le Parisien, on estime que la thèse du suicide du commandant de bord est la plus plausible.
«Certains virages anormaux réalisés par le 777 ne peuvent avoir été réalisés qu'en manuel. Quelqu'un était donc aux commandes», a souligné un proche de l'enquête. Logiquement, cette donnée majeure pose la question d'un crash volontaire. «Il est trop tôt pour l'affirmer catégoriquement, confie un enquêteur. Mais rien n'accrédite que quelqu'un d'autre ait pu entrer dans le cockpit...»
Cela n'est pas sans rappeler le crash volontaire, dans les Alpes du sud de la France, du vol 9525 de la Germanwings, qui reliait Barcelone (Espagne) à Düsseldorf (Allemagne) en mars 2015.
Terrorisme ou sabotage ?
Zaharie Ahmad Shah, le pilote de 53 ans de la Malaysia Airlines, était en apparence bien dans sa vie et dans son travail (il cumulait plus de 18.000 heures de vol). Mais c’était également un opposant politique affirmé au pouvoir en place. La veille de la disparition du MH370, il avait prévu d'aller assister au procès d'Anwar Ibrahim, le principal leader de l'opposition de centre-gauche malaisienne. Aurait-il eu l’envie d’une éventuelle vengeance contre le pouvoir en place ?
Les policiers ont également creusé la piste d'une action terroriste commise par des groupes ouïghours ou tamouls, mais n'ont trouvé aucun élément susceptible de les impliquer.
la présence d'un ingénieur en aéronautique malaisien assis à proximité du Satcom, le système satellitaire de l'avion, a interpellé et laissé imaginer un détournement de l'avion, mais cette hypothèse a elle aussi été écartée par les juges.
Un acte délibéré
L'an dernier, les experts avaient rapporté que le commandant de bord avait volontairement évité les radars en empruntant successivement l'espace aérien de la Malaisie à la Thaïlande. En agissant ainsi, il aurait voulu dérouter les appareils capables de localiser l'avion. Le système de transpondeur se serait ainsi éteint, permettant ensuite au pilote d'emprunter la trajectoire de son choix.
«Si vous me demandiez de faire disparaître un Boeing 777, je ferais exactement la même chose, avait assuré Simon Hardy, expert qui avait reconstitué la trajectoire de l’avion sur la base des données des radars militaires. Il a volé de manière très précise. Cela a fonctionné puisque l’armée n’a pas réussi à intercepter l’avion.»
De l'avis des experts, l'avion se trouverait aujourd'hui au fin fond de l'Océan Indien. Situés sur le passage de courants marins, les débris, retrouvés près du Mozambique, renforcent cette thèse.
Estimant, en 2016, que cette explication était «fort probable», le Premier ministre australien Malcolm Turnbull avait déjà soulevé la thèse du crash volontaire de l'avion.