Le gouvernement a tranché : l'homéopathie ne sera plus remboursée par la Sécurité sociale à partir de 2021.
C'est ce qu'a annoncé mardi 9 juillet la ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui s'est rangé à l'avis de la Haute autorité de santé (HAS). Fin juin, cette dernière avait en effet conclu à l'absence d'efficacité avérée des granules.
Quel est le principe de l’homéopathie ?
Le principe de l’homéopathie consiste à administrer des substances végétales, minérales et animales, en quantité infiniment petite, dans l’espoir de guérir en provoquant des symptômes semblables à la maladie. Ainsi, cette pratique estime que ce qui rend malade aide aussi à guérir. L’homéopathie ne se focalise pas sur les seuls symptômes, mais sur le patient dans son ensemble.
Selon plusieurs sondages, près de trois Français sur quatre en auraient déjà pris au cours de leur vie, et sept sur dix lui feraient confiance.
Pourquoi est-elle autant critiquée ?
L’homéopathie est la seule classe de médicaments à être remboursée sans avoir fait la preuve scientifique de son efficacité, rappelle l'AFP.
En septembre 2017, l’Association des académies des sciences européennes (EASAC) a affirmé qu’il n’existait «aucune preuve, scientifiquement établie et reproductible, de l’efficacité des produits homéopathiques». Cette critique a depuis été répétée par un très grand nombre de personnes.
Une tribune publiée le 4 décembre 2018 par 131 professionnels de santé, membres des académies de médecine, de pharmacie et des sciences, estimait ainsi que «la collectivité n’a pas à prendre en charge l’homéopathie, (qui) n’a pas fait la preuve de son efficacité sur la base de démonstrations véritables et objectives». Les signataires estimaient également que cette discipline «ne doit plus être enseignée dans les facultés de médecine et de pharmacie».
Le Collège national des généralistes enseignants en avait rajouté une couche en janvier 2019, en dénonçant une «méthode ésotérique». Un collectif de 124 médecins était même allé plus loin, au mois de mars, en affirmant que l’homéopathie était pratiquée, selon eux, par «des charlatans en tout genre qui recherchent la caution morale du titre de médecin pour faire la promotion de fausses thérapies à l’efficacité illusoire».
En effet, la mise sur le marché de l’homéopathie ne répond pas aux mêmes exigences que pour les médicaments classiques. Les laboratoires n’ont pas besoin de fournir de données sur l’efficacité des produits. Ils doivent cependant être suffisamment dilués pour garantir leur innocuité (c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas être nuisibles pour la santé du patient).
En plus de ces critiques sur son inefficacité, un effet nocif a été relevé par l’EASAC. Il indiquait que sa prise retardait la consultation d’un médecin, ce qui pouvait entraîner de graves risques pour la bonne guérison, et donc la santé, d'un malade.
Un effet placebo reconnu
Les détracteurs de l’homéopathie lui reconnaissent néanmoins un «effet placebo». Ce phénomène agit par des mécanismes psychologiques pour se sentir mieux, mais n’a aucun principe actif réellement efficace. Il peut aussi être amplifié par la confiance du patient envers son médecin homéopathe, détaillent-ils.
Et maintenant ?
Agnès Buzyn s’était montrée sans nuances en août dernier : «s’il s’avère qu’ils (les médicaments thérapeutiques) ne sont pas efficaces, je prendrai la décision de les dérembourser car ce n’est pas à la solidarité nationale de payer pour des thérapies sans effets scientifiquement prouvés.» Le gouvernement devrait ainsi suivre l'avis de la HAS et décider d’arrêter le remboursement de ces traitements.