Présentée le 18 juin par le gouvernement, la refonte de l'assurance chômage, finalement négociée sans accord avec les syndicats, devrait faire perdre des droits à de nombreux demandeurs d'emplois pour répondre aux exigences d'économies.
La réforme prévoit plusieurs mesures chocs : la dégressivité des allocations les plus élevées, l'instauration d'un bonus-malus pour les entreprises abusant des contrats courts, le durcissement des conditions d'accès à l'assurance chômage... L'objectif : réaliser 3,4 milliards d'euros d'économies et parvenir à 7% de chômage d'ici à 2022. Un grand chamboulement qui va toucher «plus d'un million de personnes», selon la CFDT, et qui cible les «centaines de milliers de travailleurs précaires», dixit la CGT. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, avait quant à elle évoqué entre 600.000 et 700.000 personnes concernées.
Or, selon une note de l'Unédic que RTL s'est procurée, beaucoup plus de chômeurs que prévu vont être concernés, pour ne pas dire affectés par le projet de loi. Et pas en bien : selon le gestionnaire, «moins de demandeurs d'emplois ouvriront un droit», «pour certains allocataires la durée du droit sera plus courte», ou encore «l'allocation journalière sera plus faible pour les personnes ayant travaillé de manière discontinue».
Des conséquences sous-estimées
En effet, tous les chômeurs qui ont travaillé moins de 6 mois au cours des 24 derniers mois et tous ceux qui ont recommencé à avoir des petits contrats sans pour autant accumuler 6 mois de travail seraient touchés. Soit déjà 500.000 personnes. Par ailleurs, quelque 250.000 allocataires verront la durée de leurs droits se réduire.
Enfin, à cause de la baisse du montant de l'allocation journalière, environ «la moitié des entrants, soit 1,2 million de personnes, seraient affectés à des niveaux variables, par cette prise en compte des périodes sans travail».
Près de deux millions de personnes devraient donc être touchées. Presque trois fois plus que les estimations du même gouvernement qui a piloté la réforme.