Une cuvée mouvementée. C’est ce vendredi 5 juillet que les 743.594 candidats au baccalauréat 2019 doivent savoir s’ils ont obtenu ou non le précieux sésame du premier coup. Pour la grande majorité des élèves, ce moment est un soulagement. Mais cette année, la fête pourrait bien être gâchée.
Certains élèves pourraient en effet être privés de leurs résultats. Car après la grève de la surveillance des épreuves, certains professeurs ont organisé «une grève des notes».
Dans leur viseur : la réforme de l’examen et celle du lycée contre lesquelles ils sont toujours opposés. Deux sérieuses perturbations qui s’ajoutent à plusieurs autres, et dont les lycéens se seraient bien passés.
Des incidents en pagaille
Ce jeudi soir, ce sont quelque 700 correcteurs (sur près de 175.000) qui retenaient toujours quelque 30.000 copies, a indiqué Jean-Michel Blanquer.
«Une minorité qui ne doit pas imposer sa loi», selon le ministre de l’Education qui assure que tous les élèves auront bien leurs résultats.
Alors que les rattrapages doivent avoir lieu dès la semaine prochaine, ce sont les notes du contrôle continu de l’année qui devraient être prises en compte en cas de résultat manquant. Une consigne que des enseignants ont toutefois menacé de ne pas appliquer.
Au nom «d’une rupture de traitement entre les élèves», certains jurys, chargés d’étudier l’intégralité des notes, et de décider si, en cas d’échec, un candidat peut être admis ou s’il doit aller au rattrapage, ont décidé de ne pas délibérer.
Parmi les académies les plus touchées, Paris, Créteil, ou encore Versailles et Toulouse. Des points très localisés et souvent les mêmes où, le 17 juin dernier, la grève de la surveillance des épreuves avait été la plus suivie.
Un mode d’action jamais vu depuis 2003. A ces ennuis, s’en sont ajoutés d’autres, rendant cette édition 2019 du bac encore plus chaotique. Le 21 juin, ce sont des erreurs dans les énoncés des sujets de mathématiques des séries ES, S et L qui ont été relevées.
L’Education nationale avait certes envoyé un rectificatif en plein examen, mais les élèves s’étaient plaints d’avoir été déstabilisés.
Des épreuves de maths qui ont, par ailleurs, fuité sur les réseaux sociaux, contraignant la rue de Grenelle à saisir la justice. C’est ainsi qu’après l’interpellation, depuis mardi, de vingt-et-une personnes à Paris et à Marseille, sept suspects restaient, hier soir, toujours en garde à vue.
Un ministre inflexible
Reste que, face aux tricheurs et devant les professeurs récalcitrants, Jean-Michel Blanquer tient à se montrer ferme. Pour le ministre, les sanctions financières peuvent avoir un effet «dissuasif».
Il a ainsi indiqué que les enseignants grévistes seront considérés comme tels «à partir du jour où ils ont pris les copies». Ce qui signifie un retrait de salaire de «dix à quinze jours».
Quoi qu’il en soit, les professeurs en colère semblent bien décidés à maintenir la pression. Pour eux, la réforme du bac, qui doit entraîner la modification de l’examen et la fin des séries générales en 2021, revient à instaurer un «bac local», dont la valeur serait différente d’un établissement à l’autre.
Un bras de fer et des discussions bloquées jugés très sévèrement par la FCPE, principale fédération des parents d’élèves, qui en appelle même à Emmanuel Macron. «Il est urgent que le chef de l’Etat siffle la fin de la récré», a ainsi indiqué Rodrigo Arenas, son coprésident, ce jeudi, sur France info.