Après six jours d'une canicule exceptionnelle pour un mois de juin, une bonne partie de la France devrait retrouver des températures plus respirables dimanche avec un «net rafraîchissement» attendu par le nord-ouest.
L'accalmie permettra «de sortir de nombreuses régions de la vigilance canicule, sur l'Ouest ainsi que la moitié nord du pays», prévoit Météo-France. Le thermomètre devrait plafonner à 30 degrés en région parisienne dimanche après-midi, contre environ 35 degrés enregistrés la veille. Les plus fortes températures, sous la barre des 40 degrés, toucheront l'Est du pays, où le mercure devrait encore atteindre 37 degrés à Strasbourg et Lyon, 36 à Dijon et 35 à Belfort.
Samedi soir, 75 départements étaient encore placés en vigilance orange. Mais, signe qu'un pic a été franchi en fin de semaine, Météo France avait levé samedi matin l'alerte rouge dans quatre départements méridionaux (Bouches-du-Rhône, Gard, Hérault et Vaucluse).
Il faudra attendre mardi pour que l'ensemble du pays retrouve des températures «moins élevées», mais «qui devraient rester au-dessus des normales de saison sur la moitié sud», selon Météo-France. Si le mercure retombe, la pollution à l'ozone qui accompagne souvent les vagues de chaleur persiste. En Ile-de-France, Airparif prévoit pour dimanche un nouveau dépassement du seuil limite d'ozone, irritant pour les poumons.
La circulation différenciée, qui interdit le trafic aux véhicules les plus anciens, a été reconduite dans la capitale pour dimanche et était maintenue à Lyon et Marseille selon les sites internet des mairies.
«Congé canicule»
Le député européen Yannick Jadot (EELV) a proposé, pour modérer la pollution et les risques, des «congés canicule» et des transports publics gratuits, dans un entretien avec le Journal du dimanche.
Pour ce week-end, qui coïncide avec de premiers départs en vacances, la ministre des Transports Élisabeth Borne a pour sa part incité ceux qui le peuvent à «décaler leurs déplacements» en voiture comme en train.
La vague de chaleur venue du Sahara, qui a étouffé aussi le reste de l'Europe, est inédite par son intensité et sa précocité. Le mercure s'était envolé vendredi, avec un record absolu enregistré à Gallargues-le-Montueux (Gard), 45,9°C vers 16H00. Le précédent record de 44,1°C, enregistré dans le même département, datait d'août 2003, lorsque la canicule avait fait 15.000 morts.
Samedi, des touristes ont pris des selfies devant la pancarte d'entrée de la ville du record. «C'est un lieu historique!», affirmait Gudrun Helder, une trentenaire venue en vacances dans la région depuis l'Allemagne, et qui reconnaît qu'«en fait, ça fait vraiment peur».
Les scientifiques anticipent des vagues de chaleur deux à trois fois plus nombreuses d'ici au milieu du siècle.
620 hectares brûlés
Les chaleurs extrêmes ont sans doute coûté la vie à un octogénaire et un ouvrier de 37 ans jeudi en Alsace, à Cernay (Haut-Rhin).
Entre vendredi matin et samedi midi, six personnes ont été hospitalisées en état d'hyperthermie dans le Vaucluse. L'une d'entre elles est décédée, et une autre avait un «pronostic vital engagé», selon la préfecture. Dans l'Ariège, une enquête a été ouverte après la mort d'un homme de 53 ans samedi lors d'une épreuve cycliste.
«Il n'y a pas à ce jour d'afflux massif vers les services d'urgence, ni de signal d'excès de mortalité», a indiqué la Direction générale de la santé (DGS) samedi soir. Toutefois, dans une canicule, l'excès de mortalité arrive toujours après l'événement, et «le bilan définitif ne sera disponible que fin juillet». La DGS a aussi mis en garde contre les risques de noyade, liés à l'envie de se baigner pour se rafraîchir: il y a eu au moins huit cas en France samedi, dont cinq décès.
Outre les dégâts sur les vignes dans le Gard et l'Hérault, la chaleur intense a également favorisé le départ de feux : une soixantaine d'incendies ont brûlé 620 hectares et 11 maisons dans le Gard, faisant 20 blessés légers dont 19 parmi les pompiers.
Autre conséquence plus inattendue: des cas d'intoxication au monoxyde de carbone dans le Bas-Rhin, en particulier à Strasbourg. La chaleur peut en effet «affecter la bonne évacuation des gaz de combustion produits lors de l'utilisation des chauffe-eau raccordés», a expliqué la préfecture.