Respirer deviendra-t-il un luxe ? Alors que le mercure continue de grimper sur plus de la moitié du pays, avec 65 départements désormais placés en alerte orange, l’Hexagone doit faire face aux conséquences indirectes de la canicule.
En l’occurrence, un pic de pollution à l’ozone, qui touche depuis plusieurs jours les régions parisienne et lyonnaise, mais aussi celles du Sud. Le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, a lui-même averti, mardi, que cet épisode de chaleur serait «sans doute plus dur que celui de 2003», qui avait fait 19.000 morts parmi les plus fragiles, dont un certain nombre «à cause de l’exposition à l’ozone». A l’heure où les Français cherchent à tout prix de l’ombre, celle-ci pourrait donc bien venir d’abord d’un nuage de pollution.
Un désastre pour les bronches
Si l’ozone a envahi l’atmosphère ces derniers jours, c’est parce qu’il aime le soleil. Ce gaz, qui peut causer des problèmes respiratoires s’il est inhalé en grande quantité, naît en effet d’une réaction chimique de divers polluants à la forte chaleur : plus la température et le rayonnement sont élevés (et le vent faible), plus la production d’ozone sera importante. Dès lors qu’il stagne près de ses sources d’émission, les zones les plus concernées sont, sans surprise, les axes routiers et les grandes agglomérations. Sans compter qu’en cas de canicule, la consommation en électricité (ventilateurs, climatiseurs...) augmente amplement, ce qui contribue à aggraver la pollution atmosphérique. Un véritable cercle vicieux.
Face à cette dégradation de la qualité de l’air, les autorités ont acté une série de mesures d’urgence. Au-delà des conseils de santé publique ou «écolo», délivrés au niveau national, les villes de Paris, Marseille, Grenoble ou encore Lyon ont ainsi mis en place, dès mardi, des restrictions de circulation et, pour certaines, le stationnement gratuit pour les résidents. De leur côté, les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse ont abaissé les vitesses maximales autorisées de 20 km/h sur les voies rapides, ou encore imposé aux industriels des dispositifs limitant les émissions polluantes. La métropole d’Aix-Marseille a, elle, rendu gratuit son service vélo pour les courtes durées, tandis que celle de Lyon vend un ticket «spécial pollution», qui permet de voyager toute la journée sur l’ensemble du réseau de transports en commun.
Quelle réponse de l’Etat ?
«Il faut regarder la réalité en face», a insisté mardi le ministre de la Transition écologique, qui promet «à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles». La caution verte du gouvernement a ainsi annoncé qu’en cas de pic de pollution, la circulation différenciée (en fonction du degré de contamination des voitures) serait désormais enclenchée de façon systématique, et que davantage de véhicules polluants se verraient interdire de circuler dans la métropole les jours où l’air est trop vicié, via une refonte de l’application des vignettes «Crit’Air».
Reste que cela «ne réglera en rien la question de la pollution de l’air», a réagi l’eurodéputée EELV Karima Delli sur France Info. Selon elle, il faut certes «développer les circulations douces [et] encourager les mobilités durables», mais surtout imposer «les gros pollueurs», via par exemple une «taxe poids lourds», telle qu’elle existe déjà en Allemagne ou en Suède.