Tremblement de terre dans l'enseignement supérieur : l'école de Science Po a annoncé la suppression de son fameux concours d'entrée pour faire place à une sélection sur dossier.
«La réforme des admissions est un projet qui nous mobilise depuis deux ans, et qui prendra effet en septembre 2021, pour la première promotion issue de la réforme du bac», a révélé ce mardi son directeur, Frédéric Mion. «Notre volonté est de parvenir à un système plus lisible, plus efficace et plus équitable pour assurer une meilleure diversité des profils».
A l'instar de ses homologues anglo-saxonnes, l'école de la rue Saint Guillaume doit donc procéder d'ici deux ans à une sélection sur dossier, selon quatre critères : le profil du candidat, sa motivation, le contrôle continu des trois années de lycée, et enfin, en accord avec la nouvelle réforme du baccalauréat, la moyenne des notes obtenues en Terminale aux deux épreuves dites de «spécialités».
Le dossier doit être complété par un «essai» personnel, suivi, pour les candidats présélectionnés, par un oral mêlant motivation et discussions autour d'un document. Le but de ces nouvelles épreuves d'admission ? Eviter la formation de promotion trop homogène et la reproduction sociale d'une élite pour laquelle l'établissement est régulièrement critiquée.
Un effort d'inclusivité
Autre changement de taille : la procédure d'admission sera identique pour tous, y compris pour les lycéens issus d’établissements étrangers (qui disposent aujourd’hui d’une procédure parallèle), ainsi que pour les jeunes des établissements défavorisés avec lesquels Sciences Po a signé des «conventions éducation prioritaire» (CEP). Ces dernières devraient d'ailleurs passer de 106 à plus de 200 lycées dans les prochaines années, ciblant les zones périurbaines, les régions rurales et les Dom-Tom.
Cet effort d'inclusivité, l'institution l'a amorcé depuis plusieurs années. En 2017 déjà, les épreuves écrites pour l’entrée en master avaient été supprimées au profit d’une sélection sur dossier, trois ans après avoir aboli l'épreuve de culture générale, jugée trop discriminante. Au total, Sciences Po s'engage à recruter a minima 30% de boursiers dans chaque nouvelle promotion.