Que s’est-il vraiment passé cette nuit-là ? Alors que Jonathann Daval a finalement reconnu le meurtre de son épouse Alexia, un soir d’octobre 2017 en Haute-Saône, ce lundi matin, une reconstitution judiciaire va tenter de lever les ultimes zones d’ombres de cette affaire aux multiples revirements.
Destinée à reproduire les circonstances du meurtre, commis de nuit dans la maison, la reconstitution débutera dès l'aube dans l'ancien domicile du couple à Gray-la-Ville, entre Vesoul et Dijon, et s’achèvera à la mi-journée. Me Randall Schwerdorffer, un des avocats de la défense, s'attend à une journée «émotionnellement chargée».
La crémation partielle du corps d’Alexia
C’est l'un des principaux enjeux de cette reconstitution. Si Jonathann Daval «a clairement reconnu la façon dont il a donné la mort à Alexia, dans un moment très particulier de colère et de conflit conjugal», selon une source proche du dossier, il refuse toujours d'évoquer la crémation partielle du corps d’Alexia dans le bois où il l'avait déposé. «Qui a mis le feu (au corps) ? Y a-t-il des complices»?, s’interroge Me Portejoie, l'avocat de Grégory Gay, le beau-frère de Jonathann Daval.
Lors de cette reconstitution, les gestes de Jonathann seront scrutés par les enquêteurs et le juge d'instruction afin d'évaluer leur concordance avec les constatations médico-légales. Il devra ensuite reproduire les conditions exactes dans lesquelles il a transporté puis déposé le corps dans le bois, dissimulé sous des branchages.
La nature et la violence des coups portés
En novembre 2018, lors d'une confrontation avec Isabelle Fouillot, la mère d'Alexia, Jonathann craque et confesse, une seconde fois, le meurtre de son épouse. Selon son témoignage, il a tué sa femme Alexia en l'étranglant, avant de transporter son corps dans une forêt avoisinante. Cependant, les aveux qu’a livré a minima le trentenaire «ne correspondent absolument pas aux constatations» de l'autopsie, pointe Me Portejoie.
Attendues sur place, les parties civiles - les parents d'Alexia, sa sœur et son époux - attendent beaucoup de cette reconstitution pour connaître la vérité quant à la nature et la violence des coups : «nous voulons savoir comment ont été portés (les) coups, comment (Jonathann) explique les traces sur le corps», ainsi que sur «le visage» de la victime qui a été «massacrée», poursuit Me Portejoie.
Un énième rebondissement ?
Accablé par plusieurs éléments - relevés GPS sur son véhicule professionnel, fragment de drap du couple retrouvé près du corps, incohérences dans l’emploi du temps, … - l’informaticien de 34 ans mis en examen pour «meurtre sur conjoint» et détenu à Dijon, encourt la réclusion à perpétuité.
Est-il capable d'un énième revirement aujourd’hui ? «Je ne sais pas», a répondu Me Schwerdorffer : «On ne (lui) dicte pas ce qu'il doit déclarer. C'est lui qui, spontanément, dans l'instant, dit ce qu'il a à dire», a-t-il conclu.