Le mouvement des gilets jaunes a faiblement mobilisé samedi en France pour l'acte 31, avec toutefois près d'un millier de gilets jaunes à Paris et à Toulouse où le cortège a été dispersé par les forces de l'ordre quelques minutes après son départ.
Selon le ministère de l'Intérieur, ils étaient quelque 7.000 manifestants sur l'ensemble du territoire - contre 10.300 la semaine dernière -, soit la plus faible mobilisation nationale enregistrée depuis le début du mouvement le 17 novembre. Les gilets jaunes contestent les chiffres officiels.
Comme pour l'acte 30 à Montpellier, un appel avait été lancé sur les réseaux sociaux pour faire de Toulouse la capitale nationale du mouvement, le jour même où la Ville rose accueillait Laeticia Hallyday pour un hommage à Johnny.
Ainsi, plus d'un millier de personnes - «plusieurs centaines» selon la préfecture - se sont mises en marche au cri des slogans habituels anti-Macron, mais la tension est rapidement montée quand, selon plusieurs gilets jaunes, les forces de l'ordre les ont chargés pour confisquer les banderoles.
«On avançait joyeusement, on chantait, et d'un coup des dizaines de policiers se sont rués sur nous, arrachant les banderoles et matraquant les manifestants en tête du cortège», raconte Bastien, les yeux rougis.
En quelques secondes, sous un épais nuage de gaz lacrymogène, le cortège s'est dispersé. Ainsi scindés en plusieurs petits groupes, les manifestants ont joué tout l'après-midi au chat et à la souris avec les forces de l'ordre, qui ont massivement eu recours au canon à eau et aux gaz lacrymogènes.
Mireille et son mari, tous les deux retraités et gilets jaunes de la première heure, sont choqués. «Je n'ai raté aucune manifestation depuis le début du mouvement, mais en général je me retire vers 16H00, avant le début de la castagne», dit la septuagénaire, une canne à la main.
«Pourquoi tant de violence»?
«Qu'est-ce qu'ils nous veulent? Pourquoi tant de violence?», s'émeut-elle, encore essoufflée d'avoir couru pour se mettre à l'abri.
Dix-sept personnes ont été interpellées pour des jets de projectiles notamment, a indiqué la préfecture, précisant que deux manifestants avaient été blessés.
Comme à l'accoutumée depuis plusieurs semaines, la place du Capitole, où devait être retransmise dans la soirée sur écran géant la finale du Top 14 entre le stade Toulousain et l'ASM Clermont Auvergne, était interdite aux gilets jaunes.
A Paris, quelque 950 gilets jaunes, selon l'Intérieur, ont défilé dans l'est de la capitale. «Je continue de venir tous les samedis, je ne veux pas abandonner, il faut continuer au moins jusqu'aux municipales pour donner un souffle nouveau», explique Bertrand, 55 ans, venu de Montreuil, tout en admettant «une baisse claire»de la mobilisation.
A Bordeaux, qui fut un des bastions du mouvement, environ 300 personnes ont marché dans les rues du centre-ville, selon la préfecture qui fait état d'une seule interpellation.
Pour Jean-Pierre, 65 ans, retraité de l'Education nationale devenu éleveur de chèvres et fabricant de fromages, «nos revendications n'ont pas été satisfaites depuis 6 mois, c'est pour ça qu'on est toujours là (...) Les problèmes fondamentaux n'ont pas changé».
La mobilisation était également très faible dans le sud-est, avec à peine 300 manifestants à Marseille, 300 également à Montpellier et une cinquantaine à Nîmes où neuf personnes ont été interpellées pour non-respect du périmètre d’interdiction de manifestation défini par la préfecture.
A Mâcon (Saône-et-Loire), quelque 300 gilets jaunes se sont réunis pour une autre manifestation «nationale». Sept personnes ont été interpellées et placées en garde à vue, selon la préfecture.
Une centaine de gilets jaunes ont manifesté à Lille, selon la préfecture du Nord, et 500 à Maubeuge où avait lieu le rassemblement régional. A Strasbourg, ils n'étaient qu'une cinquantaine, «en soutien aux soignants».