Le président français Emmanuel Macron n'assistera pas, le jeudi 6 juin prochain à 18h, à la cérémonie internationale célébrant le 75e anniversaire du Débarquement en Normandie, à Courseulles-sur-mer (Calvados). Une «question d'agenda» selon la secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq. Mais cette absence fait beaucoup parler.
Elle a notamment été critiquée par plusieurs responsables politiques normands, comme Philippe Gosselin, député LR de la Manche. Celui-ci a écrit, le 9 mai dernier, un courrier à Emmanuel Macron, dans lequel il fait part de sa «profonde déception» et sa «vraie colère».
«Alors que tant de chefs d’Etat et de gouvernements seront présents, alors que des vétérans alliés, pour l’essentiel américains, tous âgés de 95 ans à 100 ans seront présents pour la dernière fois vraisemblablement, il eut été normal, que la République, par votre présence, les honore. Ils ont des droits sur nous !», a-t-il déploré dans sa lettre, ne trouvant pas suffisante la présence du Premier ministre Edouard Philippe, qui présidera la cérémonie.
#DDay75 #Juin44 #Débarquement #Normandie
Dans un courrier officiel, j'interpelle le Président de la République qui ne présidera pas la cérémonie internationale de #JunoBeach.
Ni n’envoie de ministres dans la #Manche
C'est un affront aux #vétérans.
J'ai honte pour la #France. pic.twitter.com/HV8B5wd02K— Philippe GOSSELIN (@phgosselin) 9 mai 2019
Pour Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l'IRIS, interrogé par France 3 Normandie, l'absence d'Emmanuel Macron révèle même la «déconnexion» et l’ «irresponsabilité» du président de la République. «Déjà Hollande avait fait disparaître la France de la scène internationale, avec Macron elle a complètement disparu», dénonce-t-il.
Macron présent à d'autres cérémonies
A l'Elysée, on justifie l'absence du président par les habitudes de ses prédécesseurs. «La règle, c’est qu’on organise plutôt une cérémonie internationale pour les anniversaires en 10. Il n’y a donc pas d’anomalie à ce que le président n’assiste pas à celle-ci, d’autant qu’il sera déjà la veille, le 5 juin, à une autre cérémonie internationale à Portsmouth, en présence des autres chefs d’Etat», a expliqué la présidence à Ouest-France.
Emmanuel Macron participera en effet à la cérémonie britannique la veille, accompagné de la reine d'Angleterre Elizabeth II, mais également de l'ensemble des chefs d’Etat des pays alliés selon la presse britannique. Il se rendra ensuite à Caen le même jour, pour un hommage aux fusillés de la prison locale, puis prendra part à trois autres cérémonies le 6 juin.
Par ailleurs, il y a dix ans, pour le 65e anniversaire du Débarquement, le chef d'Etat français de l'époque, Nicolas Sarkozy, avait participé à une cérémonie franco-américaine avec le président des Etats-Unis Barack Obama, mais aucune cérémonie internationale, en présence de nombreux dirigeants étrangers, n'avait été organisée.
«Sûrement la dernière fois que l’on verra des vétérans présents»
Mais ce qui change cette année selon l’historien Marc Pottier, cité par France 3 Normandie, et qui rend ce 75e anniversaire particulièrement symbolique, c'est que «c’est sûrement la dernière fois que l’on verra des vétérans présents».
Ce n'est pas la première fois que les choix d'Emmanuel Macron relatifs à des commémorations font polémique. Sa décision de ne pas organiser de défilé militaire le 11 novembre dernier pour le centenaire de l'armistice de la Première Guerre mondiale, afin de ne pas froisser l'Allemagne, avait notamment provoqué des réactions outrées d'élus ou d'anciens soldats.