Lors de samedis de mobilisations des gilets jaunes, plusieurs manifestants, sonnés par les fumées des gaz lacrymogènes, se sont fait prélever du sang en pleine rue à même le sol, par des individus sans gants et se faisant passer pour des «street medics». Une enquête préliminaire a été ouverte.
L'instruction, décidée le jeudi 16 mai, devra répondre aux motifs de «violences volontaires aggravées» et «mise en danger de la vie d’autrui», a précisé, ce lundi, le parquet de Paris.
Parmi les personnes visées figurent Renaud F., qui se présente comme médecin anesthésiste originaire de Belgique.
Au moins quinze manifestants concernés
Interrogé, ce dernier a affirmé avoir organisé ces prises de sang «sur une quinzaine de manifestants», dans le but, a-t-il dit, de vérifier une potentielle «intoxication au cyanure causée par une exposition prolongée aux gaz lacrymogènes» tirés par les forces de l’ordre.
Selon ses indications, ces prélèvements ont été pratiqués lors des manifestations du 20 avril et du 1er mai dernier, à Paris, et faits «dans le respect des protocoles», par deux «médecins» et un «docteur en biologie».
«Des ordonnances ont été établies pour ces prélèvements et les personnes prélevées ont signé un consentement écrit», a-t-il précisé.
Pour l’Ordre des médecins, ces prélèvements ne sont pas interdits dans la mesure où ils sont effectués «par un professionnel qualifié et identifié» et si la «personne consent à un prélèvement biologique pour des motifs qu’elle connaît».
Les street medics remontés
Au début du mois de mai, un groupe de «street medics», des bénévoles qui apportent les premiers soins en cas de blessures pendant les manifestations, avait dénoncé ces pratiques considérées comme «dangereuses», ainsi que «l’usurpation du terme et des couleurs de street medics».
Selon eux, plusieurs personnes, vêtues de T-shirts de «street medics» ont pratiqué ces prises de sang.
«Des personnes complètement étrangères à la Coordination se sont permises de pratiquer des gestes médicaux dans la rue», avait dénoncé dans un communiqué le groupe de soigneurs de rue baptisé «Coordination 1er Secours». «Nous conseillons vivement aux victimes de ne pas accepter de se faire prélever dans de telles conditions», avait-il mis en garde.
Des rumeurs de risque d’intoxication au cyanure par les gaz lacrymogènes circulent sur les réseaux sociaux depuis plusieurs semaines. Selon les spécialistes, il n’y a pas d’éléments scientifiques prouvant qu’une exposition prolongée aux gaz lacrymogènes peut entraîner une intoxication au cyanure.