La course contre la montre. Un mois après l’incendie de Notre-Dame, le 15 mai dernier, les parois noircies de la cathédrale continuent de marquer le quotidien et les esprits. Mais si l’émotion s’efface peu à peu, la restauration, elle, est dans toutes les têtes. D’autant que le délai de cinq ans fixé par Emmanuel Macron s’annonce serré. Les travaux de reconstruction n’ont même pas débuté, et les causes du drame n’ont toujours pas été élucidées.
L’objectif prioritaire des équipes de Notre-Dame reste aujourd’hui de consolider la cathédrale afin d’éviter un effondrement possible en cas de grands vents ou de fortes pluies. Ainsi, un parapluie provisoire a par exemple été mis en place. Ces travaux pour «sauver» définitivement l’édifice doivent encore s’étaler sur trois mois.
Un calendrier très chargé
Difficile cependant de savoir quand la reconstruction pourra réellement commencer. «Il faudra d’abord s’occuper de la dépollution, puisqu’il y a une concentration en plomb supérieure à la limite», explique André Finot, responsable de la communication de Notre-Dame. Ces taux sont liés par la fonte de la flèche et de la charpente dans l’incendie.
Impossible également de hiérarchiser les besoins. «Tout est prioritaire, les équipes vont travailler en même temps sur les différents points du chantier», assure André Finot.
Cependant pour se lancer, il faut avoir complété le diagnostic, fixé un budget et validé un projet. Ce qui n’est pas le cas, d’après les récentes déclarations de Franck Riester, ministre de la Culture. Il est même impossible de savoir si les 900 millions d’euros de dons réunis seront suffisants ou trop importants pour réaliser le chantier, alors que la cagnotte de la Fondation du patrimoine se clôture en fin de semaine. Pour le projet, le ministre a assuré qu’il y aurait un «grand débat» où chaque Français pourra donner son avis, mais aucune date n’a été fixée.
Afin de s’assurer de ne pas perdre une seconde dans ce calendrier chargé, la loi d’exception permettant de déroger à certaines règles d’urbanisme a été votée le 12 mai à l’Assemblée nationale, malgré les réticences d’un bon nombre d’élus. La loi doit désormais être étudiée par le Sénat le 27 mai prochain.
Une vraie prise de conscience
«Plus jamais ça», scandent les responsables patrimoniaux français. Dans ce cadre, une nouvelle cagnotte a été lancée le 14 mai par la Fondation du patrimoine afin de sauver 2 800 sites en danger. Stéphane Bern, chargé d’une mission par Emmanuel Macron, espère une prise de conscience de la population et a assuré qu’il fallait «utiliser l’émotion pour sauver un maximum de nos monuments». Mais, un mois après le drame, difficile de savoir si la sensibilité sur le sujet sera suffisante pour réunir autant d’argent que pour Notre-Dame.