Les habitants de la région parisienne sont très inquiets de la santé de leur système médical. C'est ce qu'il ressort d'une étude de la Fédération Hospitalière de France (FHF), réalisée dans le cadre du grand débat national et publiée ce jeudi 25 avril 2019.
Dans le sondage, 88 % des Franciliens estiment en effet que l'hôpital public est aujourd’hui «en danger» et 76 % qu'il s’est dégradé depuis une décennie. Or, il s'agit d'une grande préoccupation puisque pour 82% des sondés, l'accès à de bons établissements de santé assure une égalité des chances dans la vie.
«L’inquiétude est à la mesure de l’attachement à ce service public très important pour tous. D'autant que l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) est le premier pôle hospitalier d’Europe. Quand ils y vont, les gens se rendent compte des restructurations majeures subies ces dernières années», souligne Alice Jaffré, déléguée régionale adjointe de la Fédération hospitalière de France.
Pour les habitants de l'Ile-de-France, le problème vient moins de la qualité des soins que du manque de moyens investis dans ce secteur. Ainsi, les principaux axes d'amélioration évoqués sont un accroissement du personnel (86 %), du budget (78 %) et de la proximité (57%). Des problématiques financières qui découlent de budgets hospitaliers toujours en tension – comme dans l'ensemble des services publics – ainsi qu'aux évolutions de la société (vieillissement de la population, soins de plus en plus couteux, etc.).
Une situation particulièrement visible dans les urgences des établissements de l'AP-HP – actuellement en grève – qui sont très souvent saturées et font office de porte d'entrée dans l'hôpital public pour nombre de personnes. D'autant que les Franciliens ont davantage tendance à aller aux urgences que les Français, puisque 31 % d'habitants de la région ont déclaré s'y être rendus l'an dernier, contre 28 % à l'échelle nationale.
Près de la moitié admettent d'ailleurs s'y être dirigés pour des raisons «inadéquates», comme des difficultés d’obtention de rendez-vous chez le médecin, ou par facilité. De même, 1 sur 4 est allé aux urgences car il ne savait pas à qui d'autre s’adresser, tandis que 1 sur 5 s'y est rendu car il n'avait pas obtenu une consultation chez un médecin dans un délai acceptable.
En revanche, la région parisienne semble plutôt bien dotée en équipements puisque la lutte contre les déserts médicaux n'est seulement évoquée que par 1 habitant sur 10. «Même s'il existe certains déserts médicaux en grande couronne, dans le 93 ou dans le nord-est de Paris, la densité du réseau de transport francilien permet quasi-systématiquement aux patients de se déplacer vers un médecin», décrypte Alice Jaffré.
Un système trop complexe
L'organisation du secteur médical devrait également être simplifiée, pour plus de 6 Franciliens sur 10, qui estiment qu'une fusion du ministère de la Santé et de l’Assurance maladie serait souhaitable. Et pour cause, le système de santé apparaît souvent comme trop complexe : 69% des sondés regrettent avoir des problèmes pour comprendre comment il fonctionne, et 85% estiment même ne pas savoir à quoi servent les différentes cotisations (sociales, CSG, mutuelle, etc.).
«Les gens ont parfois le sentiment de contribuer plus qu'ils ne bénéficient. Or, ce manque de lisibilité peut faire oublier que la France a un bon système de santé, avec un reste à charge qui est l'un des plus bas d'Europe», nuance la déléguée régionale adjointe de la Fédération hospitalière de France.
Toutefois, les nouvelles technologies pourraient aider à améliorer la situation, selon les habitants de l'Ile-de-France. En effet, 92 % d'entre eux voient d'un bon œil la création d’un espace numérique de santé, sur lequel les patients auraient accès à leur dossier médical partagé, à des applications ou à des informations de santé de référence.