Ce jeudi 25 avril, à 18 heures, Emmanuel Macron a renoué avec une vieille tradition présidentielle, en se pliant pour la première fois à l'exercice de la conférence de presse. Certaines de ces grands-messes, organisées par ses prédécesseurs, ont marqué les esprits.
4 février 1965 : Quand de gaulle fait de l'humour sur son état de santé
C'est Charles de Gaulle, premier président de la Ve République, qui a instauré le rituel de la conférence de presse. Le général, au pouvoir de 1958 à 1969, en organisait une environ tous les six mois, retransmise en direct par l'ORTF. Le 4 février 1965, lors de la douzième du nom, l'une de ses petites phrases restera célèbre.
A la question d'un journaliste du quotidien L'Aurore, «Comment vous portez-vous ?», de Gaulle, alors âgé de 75 ans, répond du tac au tac : «Je ne vais pas mal, mais rassurez-vous, un jour, je ne manquerai pas de mourir.» Une réplique bien sentie qui provoque l'hilarité générale chez les journalistes présents à l'Elysée.
"Un jour, je ne manquerai pas de mourir !" 4 février 1965 : le trait d'humour du Général de Gaulle #histoire pic.twitter.com/NuSHghQjXe
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22 septembre 1969 : Quand Pompidou répond en poésie
Successeur de Charles de Gaulle, Georges Pompidou, moins bon orateur, décide tout de même de perpétuer la tradition des conférences de presse régulières. Il en tiendra pas moins de neuf en moins de quatre ans, avant de mourir en cours de mandat, en avril 1974.
Le 22 septembre 1969, en toute fin de conférence de presse, un journaliste décide de sortir des traditionnelles questions sur la situation économique ou sociale de la France, et demande au président son opinion sur un récent fait divers : une enseignante à Marseille s'est suicidée après avoir été condamnée pour avoir eu une liaison avec un élève de 16 ans. Long silence de Georges Pompidou, qui amorce un semblant de réponse, avant de citer quelques vers du poète Paul Eluard : «Comprenne qui voudra, moi mon remords ce fut la victime raisonnable au regard d'enfant perdu, celle qui ressemble aux morts, qui sont morts pour être aimés», déclame alors l'agrégé de lettres et normalien.
25 juillet 1974 : quand giscard veut dépoussiérer le genre
Elu sur une promesse de «changement dans la continuité», le jeune président Valéry Giscard d'Estaing (48 ans à l'époque) tente, lors de sa première conférence de presse, de casser les codes du genre. Baptisée «réunion de presse», elle a lieu le 25 juillet 1974, deux mois à peine après son élection.
Alors que ses précédesseurs Charles de Gaulle et Georges Pompidou répondaient aux journalistes assis à une table, «VGE» s'exprime debout derrière un pupitre, dans un style moins solennel et plus décontracté, s'inspirant des conférences de presse anglo-saxonnes. Par la suite, il reviendra à un format plus classique, assis dans les salons de l'Elysée. Valéry Giscard d'Estaing était sans doute en avance sur son temps, puisque le style debout sera de retour plus de vingt ans plus tard, avec Jacques Chirac, puis ses successeurs Nicolas Sarkozy et François Hollande.
8 janvier 2008 : quand Sarkozy parle de son futur mariage avec Carla Bruni
Alors qu'il avait promis d'organiser des conférences de presse deux à trois fois par an, Nicolas Sarkozy n'en tiendra que quatre durant ses cinq ans de mandat, entre 2007 et 2012. C'est la première, celle du 8 janvier 2008, couplée à ses voeux à la presse, qui restera dans les mémoires.
Huit mois après son élection, le président gratifie l'auditoire de 600 journalistes d'un véritable one-man-show, se laissant aller à des confidences sur sa vie privée. Interrogé sur sa relation avec la chanteuse et ex-mannequin Carla Bruni, Nicolas Sarkozy répond avec franchise : «Avec Carla, nous avons décidé de ne pas mentir. Nous ne voulons rien instrumentaliser, mais nous ne voulions pas nous cacher (...) vous l’avez compris, c’est du sérieux.» Un mois plus tard, les deux amants se marieront à l'Elysée en toute discrétion.
14 janvier 2014 : quand hollande refuse de parler de sa relation avec julie gayet
Comme son prédécesseur Nicolas Sarkozy, François Hollande n'a pas tenu sa promesse de tenir une conférence de presse tous les six mois. Durant son quinquennat, il s'est en effet présenté devant les journalistes seulement six fois.
Celle du 14 janvier 2014 est la plus connue, puisqu'elle est tombée en pleine affaire Julie Gayet. Quelques jours avant la conférence de presse, le magazine people Closer révèle que le président entretient une relation avec l'actrice. Questionné à ce sujet par un journaliste, François Hollande esquive la question. «J’ai un principe, c’est que les affaires privées se traitent en privé», répond le chef de l'Etat socialiste, apparaissant alors en rupture par rapport à Nicolas Sarkozy, plus loquace sur sa vie personnelle.