Après avoir vu son agenda bouleversé par le drame de Notre-Dame, Emmanuel Macron va devoir répondre au grand débat national et à la crise des gilets jaunes, jeudi, lors de sa toute première conférence de presse à l'Elysée depuis son élection en mai 2017. A quoi peut-on s'attendre ?
«Ce que je dis aux journalistes, c'est 'amenez vos sandwiches parce que ça va durer longtemps'», a averti son allié Daniel Cohn-Bendit au micro de LCI. S'il doit surprendre après le raté de la semaine dernière, le président ne devrait pourtant pas faire dans l'originalité. Depuis la salle des fêtes de l'Elysée, il prononcera d'abord une allocution à 18h, a priori pendant une vingtaine de minutes. Une brève prise de parole qu'il détaillera ensuite lors d'une séance de questions-réponses avec la presse, durant pas moins de deux heures. Les équipes d'Emmanuel Macron espèrent ainsi bénéficier de l'effet «JT de 20h».
Une annonce surprise ?
L'exercice lui permettra également de retisser le lien avec les journalistes, alors que les relations entre l'Elysée et ces derniers ne font que se dégrader depuis près de deux ans. Quand le chef de l'Etat critique le manque de professionnalisme et la course à la polémique des médias, ceux-ci regrettent sa communication verrouillée et ses commentaires parfois acerbes sur le métier (ex. l'audiovisuel public qui serait «la honte de la République»). Cette conférence de presse traditionnelle pourrait ouvrir un nouveau chapitre entre le premier et le quatrième pouvoir.
Sans surprise, ce sont en priorité les réponses au grand débat qui seront abordées. Alors qu'elles ont fuité dans la presse la semaine dernière, sans jamais être confirmées, l'esprit des annonces devrait être sauvegardé. Au menu : une baisse de l'impôt sur le revenu pour les classes moyennes, le retour de l'indexation des petites retraites sur l'inflation dès 2020, la suspension des fermetures d'écoles et d'hôpitaux jusqu'en 2022, des référendums locaux, ou encore la suppression de l'Ena.
Le chef de l'Etat sera aussi attendu sur des actes en faveur de l'écologie, totalement absents du premier jet d'annonces, ainsi que sur une éventuelle mesure choc sortie du chapeau, destinée à recréer l'effet «waouh» (dixit ses proches) qu'il avait perdu en raison des fuites dans la presse.
La polémique nathalie Loiseau en invitée
Mais, au-delà des mesures qui seront proposées, ce sont aussi les lignes rouges qui devraient être interrogées. A savoir le rétablissement de l'ISF, l'instauration du référendum d'initiative citoyenne, la TVA à 0 % sur les produits de première nécessité – des revendications pourtant phares des gilets jaunes et des Français en général.
D'autres sujets pourraient toutefois s'inviter à la conférence. Et en premier lieu, les européennes, alors que la tête de liste de LREM au scrutin du 26 mai, Nathalie Loiseau, est engluée dans une polémique concernant sa présence sur une liste d'extrême-droite à Sciences Po en 1984. Mais également les retraites ou le financement de la dépendance, des sujets au cœur de l'actualité et régulièrement mentionnés par des membres de la Macronie ces dernières semaines.
L'issue de ce verdict post-grand débat n'est, en revanche, pas si toute tracée. Entre les gilets jaunes, qui se disent déjà hostiles et accusent Macron de «jouer à l'illusionniste», et les partis d'opposition, qui fustigent un «rafistolage» (LFI) et un «gadget» (LR), regrettant que «le compte ne [soit] pas bon» (RN), en passant par les 68 % de Français qui pense que l'exécutif ne tiendra pas compte de leurs contributions au grand débat (sondage Elabe), tout l'enjeu d'Emmanuel Macron sera de tenter de leur donner tort, et ce jusqu'à la fin du quinquennat.