Alors que tous les regards sont tournés vers la cathédrale Notre-Dame de Paris – achevée à la fin du XIVe siècle – qui vient de subir un violent incendie dans la nuit du 15 au 16 avril 2019, beaucoup découvrent pour la première fois les secrets qu'elle avait si gardé jusqu'à présent.
Des secrets bien évidemment connus des historiens, de certains prêtres et fidèles mais surtout de tous ceux qui ont travaillé sur ce site exceptionnel, devenu au fil des années le monument historique le plus visité d'Europe.
Une église bâtie selon «la divine proportion»
Egalement appelée «nombre d'or», cette géométrie – censée créer une harmonie de chaque petite partie de l'édifice avec son ensemble – aurait influencée les dimensions esthétiques de Notre-Dame de Paris. Celle-ci serait d'ailleurs obtenue en divisant la hauteur de la façade par sa largeur.
Selon les spécialistes, «la divine proportion» se retrouverait également entre levitrail principal et les deux tours, ainsi qu'au niveau des encadrements des différentes portes, exceptée le portail central dit «du jugement» qui représente la scène du Jugement dernier.
Un mur isolant construit autour du choeur
Au Moyen Âge, un haut mur – connu comme étant «le mur du Choeur» – aurait été construit autour de ce choeur donc, formant ainsi une petite chapelle au sein même de la cathédrale afin de «favoriser le recueillement».
A cette époque les prêtres de la cathédrale, qui étaient alors des chanoines, pouvaient ainsi prier complètement isolés du bruit des visiteurs, alors nombreux s'y rendre dans le cadre d'un pélerinage. D'ailleurs, des scènes de la vie de Jésus ont été sculptées sur ce mur, à la manière d’une grande bande dessinée.
Des voûtes sexpartites au coeur de l'église
Depuis la façade occidentale – c'est-à-dire depuis l'entrée principale – jusqu'à l'autel, la cathédrale est surmontée par des voûtes sexpartites. Cette technique de voûtement se découpe en six compartiments, chacun séparé par des ogives.
C'est cette technique qui assure la stabilité de l'édifice et qui permet, par ailleurs, de remplacer la plus grande partie des murs (qui ne donc pas porteurs) par des vitraux. La voûte en elle-même reposant en effet sur d'imposants piliers, aussi appelés «piles».
une rosace composée de verres médiévaux
La plus ancienne des trois rosaces de Notre-Dame – plus connue sous le nom de «Rose occidentale» – est composée encore en grande majorité de verres médiévaux. «C'était l'une des caractéristiques de la cathédrale qui a su garder intact malgré le temps, les intempéries et les guerres, ce vitrail», avait souligné à ce sujet un guide bénévole.
Au lendemain de l'incendie de 2019, les rosaces semblaient avoir été épargnées par les flammes, sauvant d'un péril certain ces vitraux moyenâgeux. Noircis par la cendre et la suie, il faudra quand même attendre de les nettoyer avant d'en savoir plus.
Un orgue composé de 8.000 tuyaux
Sous la rosace principale, le grand orgue de Notre-Dame de Paris s'élève, surmonté de plus de 8 000 tuyaux de fer et d'étain, dont certains datent du XVe siècle. Pour composer sur cet important instrument de musique, il faut jouer en alternant les notes entre cinq claviers de piano différents et un pédalier.
Le plus grand tuyau de cet orgue mesure plus de dix mètres de haut, alors que le plus petit mesure à peine un centimètre. Via de grandes quantités d’air stockées dans de grands soufflets, chacun de ces tuyaux donnent une note de musique différente.
Une cathédrale entourée de chimères
Souvent confondues avec les gargouilles par leur aspect similaire, les chimères – également sculptées dans la pierre – n'ont pas la même fonction. Il en existe plus d'une centaine, qui trônent tout autour de la cathédrale de Notre-Dame de Paris.
Ces figures fantastiques, mythiques voire grotesques étaient en effet utilisées à des fins décoratives et n'avaient pas de fonction proprement dite. A l'inverse des gargouilles, qui elles, ont un rôle central qui consiste à évacuer les eaux de pluie depuis les toitures.
Une petite porte rouge pour les chanoines
Non loin du portail du Cloître est la petite Porte Rouge qui doit son nom à la couleur. S’ouvrant sous la fenêtre de la troisième travée du chœur du côté nord, elle fut érigée sous la direction de l’architecte Pierre de Montreuil dans la deuxième moitié du XIIIe siècle.
Elle reliait alors le Cloître, où vivaient les chanoines, et le chœur de la cathédrale pour leur en faciliter l’accès. Cette porte a été restaurée au premier semestre 2012 par les services des Monuments historiques – DRAC Île-de-France.
Le plus vieux tympan est aussi le plus petit
Le plus vieux tympan – le triangle sculpté au-dessus de la porte – est aussi le plus petit : il s'agit du portail de Sainte-Anne situé à droite de la façade occidentale de la cathédrale, daté sans doute du milieu du XIIe siècle. Installé là au début du XIIe siècle, ce tympan date en fait de l'ancienne cathédrale Saint-Etienne, érigé là avant l'actuelle.
Ce tympan abrite également la plus vieille statue de Notre-Dame de Paris. La Vierge en majesté y porte son fils sur les genoux. Un chef-d'œuvre de l'art roman, datant sans doute du milieu du XIIe siècle, qui appartenait aussi à l'ancienne cathédrale et que les tailleurs de pierre ont réutilisé sur ce portail. Il fut épargné par la Révolution.
Un portail «ferré en échange d'une âme»
C'est le plus grand mythe de Notre-Dame de Paris : son portail principal aurait été «ferré par le Diable en échange d'une âme». Cette légende date en effet du XIIe siècle, à la construction de l'édifice, alors que le serrurier appelé Biscornet meurt juste après avoir realisé la serrure de la porte principale.
Selon la légende, alors que celui-ci était chargé de la conception des arabesques et ferronneries, il aurait été dépassé par l’ampleur de la tâche. Ambitieux et déterminé, on raconte donc qu’il accepta de livrer son âme au diable pour y parvenir.
Le Diable aurait alors accepté de sceller un pacte avec lui, lui promettant qu'il pourrait entreprebdre tous les ouvrages qu'il voudra, et deviendrait «le plus adroit des serruriers». A la suite d'horribles convulsions, Biscornet aurait finalement été retrouvé dans son lit, mort, le lendemain de la réalisation de cette serrure jugée encore aujourd'hui d'une qualité extraordinaire.
Le roman de victor hugo sauve le lieu
Quand il publie Notre-Dame de Paris en 1831, Victor Hugo rencontre un succès immense avec cette rencontre amoureuse impossible entre Quasimodo et Esmeralda. Or, à cette époque, la cathédrale est tellement dégradée qu'il est envisagé de la détuire.
Mais le roman a alors de telles répercutions dans l'intérêt collectif porté à cet édifice religieux délaissé qu’il va contribuer à accélérer les décisions administratives qui conduiront à la restauration de l'ensemble.