C'est leur septième mobilisation depuis le début du quinquennat Macron. A l'aube d'une réforme les concernant, qui s'annonce explosive, les retraités vont manifester, ce jeudi, contre la politique du gouvernement «qui reste sourd dingue» à leurs revendications liées au pouvoir d'achat.
A l'appel de neuf syndicats et associations (CGT, FO, Solidaires, FSU...), plus de 130 initiatives sont recensées sur l'ensemble du territoire, et en particulier à Paris. Les organisateurs espèrent un sursaut après plusieurs manifestations en demi-teinte : depuis le point d'orgue de mars 2018, les cortèges de retraités se sont dégarnis.
Aujourd'hui, c'est le quasi-gel des pensions qui alimente tout particulièrement la colère des seniors, fortement touchés par les réformes élyséennes de 2017 et 2018. Sans surprise, ils réclament, comme les gilets jaunes, la suppression de la hausse de la CSG pour tous les retraités – jugeant insuffisant le geste d'Emmanuel Macron en faveur des plus modestes – et la réindexation des pensions sur l'inflation.
Le report de l'âge légal sur la table
Une mobilisation qui survient alors même que le gouvernement planche sur la réforme des retraites, mais aussi dans la foulée d'une polémique sur l'âge de départ à la retraite. Ces derniers jours, plusieurs ministres ont en effet créé la confusion en assurant que la réforme Delevoye – du nom du Haut commissaire chargé du dossier – ne modifiera pas l'âge légal de 62 ans, mais en évoquant aussi un possible allongement de la durée du travail ou un recul de l'âge à la retraite pour financer la dépendance et le grand âge. Et ce, malgré la promesse de campagne d'Emmanuel Macron de ne pas y toucher.
L'OCDE s'est ensuite invitée dans la polémique, mardi, en plaidant pour le relèvement de l'âge de départ effectif du marché du travail. Ironisant sur les «42 régimes de retraites différents» actuellement en vigueur en France, elle a salué le projet de retraite par points, envisagée par Emmanuel Macron, qui permettrait selon elle «une meilleure transparence». Sans compter le président du Medef qui, «évidemment», a jugé mercredi qu'il fallait «retarder l'âge légal», estimant que dire le contraire, c'était «aller contre le simple bon sens de la démographie».
Et, bien que le Haut commissaire a répété que sa feuille de route ne prévoyait pas d'y toucher «malgré la polyphonie gouvernementale», la petite phrase d'Edouard Philippe, lundi, semble avoir signé la fin du débat : «Quand le président de la République dit qu'il faut ouvrir une question, on le fait». Autrement dit : si le président a évoqué le report de l'âge légal de départ à la retraite, c'est que la mesure est bel et bien dans les rouages.