Emmanuel Macron arrive jeudi matin en Corse pour son 15e et dernier grand débat, perturbé par l'opposition des nationalistes qui appellent à une opération «île morte», une première depuis des années.
Précédé d'un gros dispositif de sécurité, le chef de l'Etat devrait atterrir vers 11 heures avant de se rendre dans le village de Cozzano, à une heure et demie de route, pour rencontrer les maires de toute l'île. Après la Bretagne mercredi, il aura ainsi passé une centaine d'heures à débattre avec les élus locaux et les Français.
Mais cette dernière rencontre s'annonce la plus tendue de toute, à l'image de la première visite présidentielle l'an dernier, jugée «humiliante» par les nationalistes au pouvoir dans l'île.
Malgré une interview conciliante du chef de l'Etat mardi, les deux hommes forts de l'île, le président du conseil exécutif Gilles Simeoni comme celui de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni ont décidé de boycotter la réunion de Cozzano.
La coalition nationaliste Pè a Corsica a appelé à une demi-journée «isula morta» («île morte») pendant le débat. Le puissant syndicat des travailleurs corses STC a demandé à ses membres de venir à midi avec des drapeaux corses devant la préfecture d'Ajaccio et la gare de Bastia, pour s'opposer au «mépris de l'Etat français vis-à-vis de la Corse».
Rebuffade
Le tout dans un contexte de recrudescence de la violence depuis début mars, sans revendication politique à ce stade : lundi, des charges non explosées ont été découvertes devant deux bâtiments des finances publiques à Bastia, entraînant la saisine de la section antiterroriste du parquet de Paris. Plusieurs villas ont également été visées par des explosions depuis le début du mois.
Mercredi, le dialogue de sourd s'est poursuivi entre les dirigeants nationalistes et le chef de l'Etat. Les deux hommes l'ont invité à s'exprimer devant les élus de l’Assemblée de Corse, ce qu'il a aussitôt refusé, tout en leur proposant de les rencontrer à Cozzano ou ultérieurement à Paris. Une "rebuffade" pour les nationalistes qui eux aussi assurent chercher le dialogue.
A leur hostilité se greffe une contestation sociale classique. Une intersyndicale a appelé à une manifestation à 11 heures devant la préfecture de Bastia et à 12h devant celle d'Ajaccio. En revanche, aucune manifestation de gilets jaunes n'est attendue, le mouvement ayant peu pris dans l'île.
De crainte que l'arrivée présidentielle ne soit entravée, la préfecture a interdit toute manifestation autour de l'aéroport.