Place au moment de vérité. Empêtré depuis plus de quatre mois dans une grave crise sociale, et mis sous pression sur le plan politique, Emmanuel Macron va devoir faire des choix cruciaux, tant pour le pays que pour lui-même.
La série d’échanges marathons avec des élus et des citoyens ont permis de relancer sa popularité. Mais le président, qui semble de plus en plus isolé dans son propre camp, reste attendu au tournant sur les solutions, qu’il a promises «concrètes».
Pour le meilleur ou pour le pire, c’est donc la suite de son quinquennat que le chef de l’Etat est en passe de jouer.
Des dossiers à risque
Le premier dossier sur la table, le remaniement, agitait la sphère politique depuis la semaine dernière. Il semble avoir été réglé, en partie, dimanche soir, puisque le président a choisi de faire confiance à sa garde rapprochée pour remplacer les trois partants. Sibeth Ndiaye, chargée des relations presse, a ainsi hérité du porte-parolat. Cédric O, trésorier de la campagne, se voit confier le Numérique. Quant à Amélie de Montchalin, vice-présidente du groupe LREM à l’Assemblée, elle reprend les Affaires européennes. Un remaniement a minima, que certains, qui appelaient à une vaste refonte, pourraient lui reprocher.
Ce choix illustre en tout cas le désir présidentiel de tenir le cap actuel. Il pourrait aussi adopter cette posture dans un autre dossier, plus sensible : les gilets jaunes. Après avoir attiré tous les regards pendant quatre mois, lors d’actions chocs et parfois violentes, ils s’apprêtent à scruter à la loupe les réponses que l’exécutif doit apporter au grand débat dès lundi prochain.
Tout comme les partis d’opposition, les manifestants, désormais moins nombreux sur le pavé, pourraient être revigorés par l’absence d’actes forts en faveur du pouvoir d’achat, de la justice fiscale et de la démocratie directe. Certains ont d’ailleurs déjà annoncé un «très gros acte» le samedi 13 avril.
«A mesure que les propositions se font attendre, l’opinion est de plus en plus critique. Le risque de sentiment de tromperie est fort», relève Frédéric Dabi, de l’Ifop. Alors que 63 % des Français jugent que l’Etat ne tiendra pas compte des contributions citoyennes au débat, le président devra leur donner tort. Et ce, en pleine campagne pour les européennes, que LREM a lancée ce week-end.
A la tête du camp des «progressistes», dont il se prévaut, Emmanuel Macron aura à charge de défendre une «Europe qui protège les perdants de la mondialisation», selon ses propres mots, face aux «nationalistes» incarnés par le RN, qui talonne le parti présidentiel dans les sondages.
Sans compter un éventuel nouvel épisode de l’affaire Benalla, qui pourrait un peu plus compliquer la tâche élyséenne.
Un exercice d’équilibriste
La deuxième partie du mandat d’Emmanuel Macron semble aujourd’hui être dans la balance. «Rincé», «sous l’eau», «pas loin du burn-out», selon des propos de proches rapportés par Le Parisien, le président va devoir jouer l’équilibriste s’il veut poursuivre les épineuses réformes structurelles qu’il avait promises, comme celles de la fonction publique, des retraites ou de l’assurance-chômage.
«S’il cède aux pressions de la rue, il pourrait perdre son cachet de président réformateur», note Frédéric Dabi. Ce qui laisserait davantage de champ libre à l’opposition, à commencer par LR, qui progresse dans les sondages, sur fond de critiques sur le maintien de l’ordre par le gouvernement.
Quant à une éventuelle candidature de Macron en 2022 ? «Si on ne réussit pas, la question ne se posera même pas», a récemment assuré l’un de ses ex-conseillers