Les scènes de chaos pourront-elles être évitées ? Après la flambée de violences de samedi dernier, c’est sous très haute sécurité que devrait se dérouler, ce samedi, l’acte XIX des gilets jaunes.
Les saccages perpétrés à Paris ont en effet poussé l’exécutif à prendre, cette semaine, une série de mesures d’urgence. L’objectif : éviter aux forces de l’ordre les mêmes «dysfonctionnements», selon Matignon, dans leur dispositif face aux casseurs. Reste que, malgré la fermeté affichée de l’Etat, les gilets jaunes veulent effectuer un retour en force.
Des actions incertaines
«On retourne à Paris», «La guerre est déclarée», «On lâchera pas»… Les appels à poursuivre les manifestations se sont multipliés ces derniers jours, notamment sur Facebook, laissant présager un nouveau samedi noir. Si c’est en premier lieu la capitale qui est visée, et en particulier la place du Trocadéro, d’autres villes pourraient bien devenir l’épicentre de la grogne, comme Montpellier, Nice, ou encore Beaulieu-sur-Mer (Alpes-Maritimes), où une rencontre au sommet est prévue ce week-end entre Emmanuel Macron et son homologue chinois, Xi Jinping.
Soucieux d’alterner les modes d’action, certains opposants envisagent aussi de paralyser des raffineries, des ports et d’autres infrastructures du pays. C’est le cas d’Eric Drouet, l’un des leaders du mouvement, qui a appelé à un «blocage national total», sans plus de précisions. Un grand flou organisationnel qui semble entretenu pour empêcher les autorités de se préparer, et d’autant plus depuis que l’exécutif a acté, cette semaine, une nouvelle stratégie de maintien de l’ordre.
Brigades anticasseurs, interdictions de manifester dans certains lieux sensibles – les Champs-Elysées (Paris), la place Pey-Berland (Bordeaux), la place du Capitole (Toulouse), un «périmètre» à Nice… –, usage de drones et de «marqueurs» indélébiles, amendes alourdies… L’arsenal répressif a été largement musclé. Fait rarissime, même des militaires de l’opération Sentinelle viendront en renfort pour protéger les bâtiments officiels. «Qu’on en vienne à envoyer l’armée en temps de paix, c’est sans précédent depuis 1945», relève le politologue Philippe Moreau-Chevrolet.
Preuve de l’appréhension de l’Etat, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a rappelé jeudi à Didier Lallement, le nouveau préfet de police de Paris, désigné cette semaine après le renvoi de Michel Delpuech, que sa «mission» était de «maintenir l’ordre public». Quitte à faire preuve d’une «impunité zéro», notamment avec les Black Blocs, dont «la place est en prison».
Castaner en première ligne
Pour le gouvernement, sous le feu des critiques depuis une semaine, cette journée aura valeur de test. Car, si le niveau de violences est comparable, voire supérieur, à celui de samedi dernier, sa responsabilité devrait être directement mise en cause. Un éventuel désaveu qui ferait le lit de l’opposition, laquelle fustige déjà «l’improvisation» de l’exécutif en matière de maintien de l’ordre.
«En cas de nouvel échec sécuritaire, Christophe Castaner risque de sauter», prédit Philippe Moreau-Chevrolet. Les gilets jaunes ayant vocation à s’inscrire dans le temps, avec un acte XXIII prévu pour le samedi 20 avril, c’est donc aussi sur la durée que le gouvernement devra trouver la réponse adéquate.