Plusieurs médias ont eu accès à la lettre d'Emmanuel Macron aux Français dont la publication est prévue officiellement lundi 14 janvier. Dans celle-ci, le chef de l'Etat fixe le cadre du grand débat national -censé répondre à la crise des «gilets jaunes»- qui se déroulera jusqu’au 15 mars. Si les quatre grandes thématiques -la fiscalité, l’organisation de l’Etat, la transition écologique ainsi que la démocratie et la citoyenneté- avaient déjà été dévoilées depuis quelques jours, voici les principaux éléments nouveaux de cette «lettre aux Français» à retenir.
Les modalités du Grand débat national
Le grand débat national se déroulera du mardi 15 janvier au 15 mars 2019. Les participants pourront se rendre dans des lieux d'échange près de chez eux ou donner leur avis sur Internet.
«Nous allons désormais entrer dans une phase plus ample et vous pourrez participer à des débats près de chez vous ou vous exprimer sur internet pour faire valoir vos propositions et vos idées, écrit Emmanuel Macron. (...) Dans les villages, les bourgs, les quartiers, à l’initiative des maires, des élus, des responsables associatifs, ou de simples citoyens… Dans les assemblées parlementaires comme régionales ou départementales.»
«Je vous en rendrai compte directement dans les mois qui suivront la fin du débat», indique Emmanuel Macron à la fin de la lettre en parlant des propositions synthétisées des participants au grand débat national.
En revanche, il précise que le débat n'est «ni une élection, ni un référendum».
Les participants au Grand débat national
Le président invite tous les Français et toutes les Françaises à s'exprimer lors du grand débat national, quels que soient leur âge et leur condition sociale.
«Dans l’Hexagone, outre-mer et auprès des Français résidant à l’étranger», écrit-il en faisant référence aux lieux où seront organisés des débats.
«À ce débat, je souhaite que le plus grand nombre de Français, le plus grand nombre d’entre nous, puisse participer», affirme-t-il, avant d'ajouter : «C'est votre expression personnelle, correspondant à votre histoire, à vos opinions, à vos priorités, qui est ici requise, sans distinction d'âge ni de condition sociale».
Les lignes rouges du débat
Dans sa lettre aux Français, Emmanuel Macron affirme à deux reprises que tous les sujets pourront être discutés. «Il n'y a pas de questions interdites, affirme-t-il. Nous ne serons pas d'accord sur tout, c'est normal, c'est la démocratie. Mais au moins montrerons-nous que nous sommes un peuple qui n'a pas peur de parler, d'échanger, de débattre», conclut-il.
Pourtant, dans la partie de la lettre consacrée à la thématique de la fiscalité, le chef de l'Etat prévient qu'il n'y aura pas de retour en arrière possible pour certaines réformes mises en place depuis son élection. «Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises pour corriger cela afin d'encourager l'investissement et faire que le travail paie davantage», affirme-t-il en référence à la suppression de l'ISF et à la hausse de la CSG.
L'immigration remise au coeur du débat
Rappelez-vous, au mois de décembre, la question migratoire avait fait l'objet d'un couac de communication entre l'Elysée et Matignon. Alors qu'Emmanuel Macron avait affirmé, lors de sa prise de parole très attendue du lundi 10 décembre sur la crise des «gilets jaunes», que l'immigration serait un des thèmes du grand débat national, Edouard Philippe avait rétropédalé dans les jours suivants, démentant catégoriquement cette information.
Or, dans cette lettre aux Français, si l'immigration n'est pas à proprement parlé un des quatre thèmes visant à cadrer le débat, conformément à la position de Matignon qui avait eu le dernier mot sur la question, force est de constater que le chef de l'Etat y consacre de nombreuses lignes.
Dans la thématique de la démocratie et de la citoyenneté, ce sont ainsi pas moins de cinq questions qui portent sur la question migratoire, en faisant quasiment un sous-thème du grand débat national.
Voici les questions posées par Emmanuel Macron sur ce sujet :
«Que proposez-vous pour améliorer l’intégration dans notre Nation ?En matière d’immigration, une fois nos obligations d’asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ? Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ? Comment renforcer les principes de la laïcité française, dans le rapport entre l’Etat et les religions de notre pays ? Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?»
Les questions qui restent en suspens
Plusieurs questions restent en suspens à la suite de la lecture de cette lettre visant à donner un cadre au grand débat national qui s'ouvrira cette semaine. En effet, Emmanuel Macron n'explique pas la manière dont seront prises en compte les positions et les propositions des participants.
«Vos propositions permettront donc de bâtir un nouveau contrat pour la Nation, de structurer l'action du gouvernement et du Parlement, mais aussi les positions de la France au niveau européen et international», indique-t-il sans donner d'éléments concrets.
Le président ne donne pas non plus dans cette lettre le nom de la personne qui sera choisie pour piloter le grand débat national. Edouard Philippe devrait cependant dévoiler son identité, ce lundi.