Les rebondissements de l'affaire Benalla ont tourné lundi au bras de fer entre l'Elysée et l'ancien conseiller d'Emmanuel Macron, qui affirme avoir continué d'échanger avec le chef de l'Etat après son licenciement en juillet.
Affirmation rapidement démentie par la présidence, qui accuse Alexandre Benalla d'entretenir «tout un faisceau de contrevérités et d'approximations» pour «se venger».
Le ministère des Affaires étrangères a dénoncé pour sa part des propos «faux» et «fantaisistes» de l'ancien conseiller de l'Elysée.
«Nous échangeons sur des thématiques diverses. C'est souvent sur le mode 'comment tu vois les choses ?'», soutient Alexandre Benalla dans un entretien avec Mediapart mis en ligne dans la nuit de dimanche à lundi.
Il assure avoir continué à échanger régulièrement avec le chef de l'Etat via la messagerie Telegram, précisant avoir conservé la preuve de ces échanges sur son téléphone portable. M. Benalla a affirmé que le dernier échange datait du 24 décembre.
«Nous ne souhaitons pas poursuivre un dialogue par presse interposée avec M. Benalla qui se venge de son licenciement pour faute grave en entretenant tout un faisceau de contrevérités et d'approximations», a déclaré l'Elysée à l'AFP.
Souhaitant revenir «aux faits», le palais présidentiel a assuré à nouveau lundi qu'Alexandre Benalla «n'a tenu l'Elysée au courant d'une partie de ses déplacements que le 20/12, c'est-à-dire après que des journalistes aient appris l'existence de son déplacement au Tchad».
A propos des passeports diplomatiques qu'une personne de l'Elysée aurait remis en octobre à Alexandre Benalla, selon les déclarations de ce dernier, l'Elysée a assuré n'avoir pas détenu ces documents et donc n'avoir pu les lui remettre, laissant entendre que l'ex-chargé de mission ne les avait jamais rendus.
«L'Elysée a procédé depuis son licenciement à toutes les diligences pour récupérer les passeports et autres titres de l'intéressé», a insisté le palais présidentiel.
«Il revient à la justice de donner suite à l'éventuelle utilisation de ces passeports diplomatiques par Alexandre Benalla depuis son départ de l'Elysée, utilisation dont l'Elysée n'avait pas connaissance avant que la presse ne la révèle», souligne l'Elysée.
La controverse sur l'utilisation de ces passeports diplomatiques par Alexandre Benalla a pris samedi un tour judiciaire, avec l'ouverture par le parquet de Paris d'une enquête préliminaire pour «abus de confiance» et «usage sans droit d'un document justificatif d'une qualité professionnelle».
Alexandre Benalla a affirmé à Médiapart avoir échangé avec le chef de l'Etat sur divers sujets, comme lorsqu'il était son homme de confiance à l'Elysée : «Cela peut aussi bien concerner les 'gilets jaunes', des considérations sur untel ou sur untel ou sur des questions de sécurité».
Ces échanges, ainsi qu'avec d'autres membres de la présidence, ont selon lui eu lieu jusqu’aux récentes révélations sur l'utilisation d’un passeport diplomatique pour des voyages d'affaires en Afrique : «Là, le lien est coupé».
Le Quai d'Orsay a également affirmé lundi que l'ancien conseiller n'a «bénéficié d'aucune indulgence particulière» de sa part et que «plusieurs démarches» ont été effectuées par le ministère pour obtenir la restitution des passeports diplomatiques.
Plusieurs responsables de l'opposition, LR et socialistes, ont à nouveau demandé lundi des explications de l'Elysée, dénonçant des «mensonges» et des «dissimulations».
Proche d'Emmanuel Macron, l'ancien conseiller de François Hollande Gaspard Gantzer a estimé pour sa part que l'Elysée a voulu «cacher des choses sous le tapis» et qu'il serait temps que la présidence «dise la vérité, une fois pour toute».
Alexandre Benalla a été à l'origine d'une tempête politique cet été après avoir été identifié sur des vidéos en train d'interpeller violemment des manifestants à Paris le 1er mai. Des faits qui ont entraîné son départ de l'Elysée et deux mises en examen.