Au mois d'août 2018, devant les enquêteurs, les rappeurs Booba et Kaaris, incarcérés après avoir pris part à une rixe à l’aéroport d’Orly, avaient raconté comment leur rivalité a évolué de simples «piques» à la prison.
Pendant leur garde à vue, les deux rappeurs se sont vus poser la même question : «pouvez-vous revenir sur l’origine du différend que vous avez ?».
«Ça date de très longtemps», avait expliqué Booba, pour qui «ça a commencé avec des piques». Âgé de 41 ans, l’ancien membre du groupe Lunatic a expliqué aux enquêteurs avoir «lancé» la carrière de Kaaris, notamment en l’invitant sur le titre «Kalash», en 2012.
C’est ensuite que les versions divergent. Pour Booba, Kaaris lance les hostilités en 2014, lors d’une improvisation sur les ondes de la radio Skyrock, dans laquelle il déclare «je vais attendre que le soleil soit assez haut dans le ciel que tous me voient tuer le roi». Pour le rappeur de Boulogne, aucun doute, c’est lui qui est visé.
« C'est fait pour me ridiculiser »
«Il a eu des paroles envers moi à la radio que je n'ai pas appréciées. Je ne sais pas ce qu'il cherche», a-t-il expliqué aux enquêteurs, cité par l’AFP. C’est alors le début de plusieurs années d'«altercations», et de «clashes sur les réseaux sociaux», décrit-il.
Kaaris situe, pour sa part, l’origine de cette rivalité ailleurs. Pour le rappeur de 38 ans, Booba aurait en réalité mal pris le fait qu’il refuse «d’insulter» Rohff et La Fouine, deux de ses principaux rivaux. «Il m'a dit "c'est pas grave tu vas prendre leur place"».
Dès lors, le rappeur assure que Booba a multiplié les provocations notamment via des montages sur Instagram. «A chaque fois, c'est fait pour me ridiculiser», assure Kaaris devant les policiers.
Des attaques qui ont récemment franchi un nouveau palier. Booba, invité par un autre rappeur sur un morceau sorti en juillet, parle de la femme de Kaaris en des termes particulièrement peu flatteurs. En juin, dans le clip en images d'animation du morceau «Gotham», Booba «me décapite devant un bar gay», raconte-t-il aussi aux enquêteurs.
Booba est «en guerre contre le monde entier»
Concernant la rixe en elle-même, les deux hommes continuent en revanche de se rejeter la faute, en dépit du fait que les images issues de la vidéosurveillance semblent démontrer que le groupe de Booba en est à l’origine. «Il me fixait, un peu provocateur», dit le rappeur des Hauts-de-Seine. Il assure que sa volonté était de «contourner» son rival, mais a reçu des projectiles, «et ensuite c'était parti».
Pour accréditer sa version, il cite une vidéo datée de 2014 dans laquelle Kaaris le menace. «Y a aucun mec de tiéquar (quartier) qui se bat sur internet», déclare-t-il. «On se bat pas sur internet nous. Tout se passe dans la street (...) viens en face de moi. Je vais t'e******. Je vais te briser tes os, je vais te boire ton sang», ajoute-t-il. «Tout y est», commente Booba devant les enquêteurs.
Kaaris, de son coté, reconnaît être «un acteur», et «en avoir trop fait». «J'étais fatigué, j'avais été moqué, sali, humilié». Booba est «en guerre contre le monde entier», «casse des carrières» pour «garder le monopole», analyse-t-il.
Il assure qu’à Orly, Booba s’est approché, en compagnie de ses amis, de son groupe. L’un d’eux les aurait alors insulté. «Après, les coups pleuvaient, ça partait dans tous les sens», déclare Kaaris. «Je me suis défendu comme je pouvais».