Dans le Journal du Dimanche, l'ancienne ministre de la Justice, Christiane Taubira, pointe la responsabilité de la gauche, dont elle juge l'état «désespéré et désespérant» dans la crise des «gilets jaunes».
La responsabilité de la gauche «est lourde, très lourde, sur le passé, sur le présent. Elle peut l'être plus encore si la gauche ne comprend pas que c'est à elle qu'il revient d'offrir un débouché politique à ce mouvement», explique-t-elle.
Elle ajoute que sa famille politique «doit dégager très vite une perspective, au lieu de continuer à bavarder, rabâcher, radoter des choses informes et insensées». Christiane Taubira estime que le mouvement des «gilets jaunes» est «ambigu», avec «à la fois du sublime et des traces de choses abjectes», en évoquant la présence de «personnes sexistes, racistes, homophobes, xénophobes et antisémites».
Selon elle, Emmanuel Macron «raisonne en termes de performance, de productivité, de résultats lucratifs». Il «surplombe les individus avec hauteur et condescendance».
la gauche «NE PEUT MANQUER LE RENDEZ-VOUS DES DÉTRESSES ET DE L'ESPOIR»
L'ancienne ministre indique avoir été «sollicitée» par Yannick Jadot (EELV), Benoît Hamon (Génération-s) et Olivier Faure (Parti socialiste) pour «conduire une liste» aux européennes. «C'est encore une fois chacun dans son couloir !», explique-t-elle. «Il est tragique que la gauche ne se rende pas compte que l'enjeu aujourd'hui, n'est plus de mener une liste, ni de se vautrer dans le confort de l'inefficacité, de la stérilité, du manque d'imagination. Elle ne peut s'offrir le luxe de l'impuissance, elle ne peut manquer le rendez-vous des détresses et de l'espoir.»
Concernant un possible retour en politique, Christiane Taubira dit qu'elle se «refrène». «Lorsqu'une société traverse un moment de désarroi aussi profond, la parole politique ne peut se contenter d'être tribunicienne. Elle doit être transformatrice. Or, je n'ai pas les moyens de transformer mes convictions, mes analyses en programme. »