L'attaque de Strasbourg ce mardi 11 décembre a rappelé l’importance de la menace terroriste, plaçant les fêtes dans un climat de tension. En effet, partout en France, la vigilance est portée à son maximum.
Une épée de Damoclès. C’est d’ailleurs l’expression qu’a employée le maire de Strasbourg, jeudi 13 décembre, pour décrire la menace terroriste qui plane sur le pays. Après la fusillade survenue dans la ville du Bas-Rhin, qui a fait trois morts et treize blessés mardi soir, et à quelques jours seulement des fêtes de fin d’année, l’heure est plus que jamais à la vigilance dans l’Hexagone.
Sites touristiques, gares, centres commerciaux… Nombre de lieux de grande affluence ont ainsi revu à la hausse leurs dispositifs de sécurité.
Avec les femmes et les hommes de la DGSI et de la sous-direction anti-terroriste de la police judiciaire qui travaillent main dans la main pour mettre hors d’état de nuire l’auteur de l’odieuse attaque de #Strasbourg. pic.twitter.com/EknZ5Eyfc7
— Christophe Castaner (@CCastaner) 12 décembre 2018
Un pays sur le qui-vive
Première des mesures actées, l’Etat a décidé de relever le plan Vigipirate au seuil maximal Urgence attentat. Ce stade, qui existe depuis 2016, prévoit des «mesures exceptionnelles pour prévenir tout risque d’attentat imminent ou de sur-attentat». Un durcissement des contrôles aux frontières (aéroports, gares et ports) a été lancé, du fait de la proximité du lieu de l’attaque avec l’Allemagne, mais aussi un renforcement de la surveillance dans les 300 marchés de Noël du pays.
Ainsi, de la Franche-Comté à la Gironde, en passant par les Alpes-Maritimes ou encore la région parisienne, plusieurs villes procédent désormais à des palpations et fouilles de sacs systématiques à l’entrée, en plus d’élargir les périmètres de protection et le nombre de patrouilles policières, dans ces lieux d’ordinaire festifs. «C’est symptomatique de la routine terroriste dans laquelle le pays s’est installé : nous avons intégré l’habitude de vivre dans un climat de contrôle», relève François-Bernard Huyghe, chercheur à l’IRIS.
Les marchés de Noël ne sont d’ailleurs pas les seuls sites sensibles à être passés au peigne fin. Comme exigé par les préfets, la surveillance devrait être aussi relevée d’un cran dans les grands magasins, les rues piétonnes, les salles de cinéma et de spectacle, ou encore les lieux de culte. Si les églises ont l’habitude de renforcer leur sécurité à l’approche des messes de Noël, auxquelles assistent en masse touristes et fidèles, l’attaque de mardi devrait les faire redoubler d’attention, notamment en faisant appel à des paroissiens pour la sécurité.
Au total, pour assurer la protection sur le territoire, pas moins de 1.800 militaires de Sentinelle vont être mobilisés «dans les jours qui viennent», selon Matignon, en plus des 7.000 déployés en permanence.
Plus d'effectifs, un budget en hausse, davantage de coordination avec l'ensemble des acteurs de la sécurité intérieure : le Gouvernement agit pour renforcer le renseignement dans notre pays. pic.twitter.com/QLb12DkcGJ
— Laurent Nunez (@NunezLaurent) 12 décembre 2018
Un arsenal déjà vaste
Reste à savoir si l’Etat peut faire davantage face à la menace. En effet, aucune «faille» n’a été relevée dans le dispositif de sécurité à Strasbourg, d’après le maire, de même que «rien ne permettait de détecter un passage à l’acte», selon le secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Laurent Nunez.
Entre la mobilisation accrue des forces de l’ordre sur le terrain et la loi antiterroriste de 2017, qui a inscrit dans le droit commun les dispositifs de l’état d’urgence, la plupart des leviers en matière de sécurité et de renseignement, applicables en démocratie, semblent avoir été déjà déployés. «Dans toute muraille, il y a des trous – sauf dans certains pays autoritaires. On ne peut pas protéger tout le monde, tout le temps», selon François-Bernard Huyghe. Et encore moins face à des actes isolés et semblant improvisés.