Le marché de Noël de Strasbourg, qui se tient depuis 1570, n'est pas une nouvelle cible pour les terroristes. Il y a presque dix-huit ans jour pour jour, un projet d'attentat avait été déjoué.
C'était quelques jours seulement avant le réveillon de Noël, en décembre 2000. Cet hiver-là, les membres de ce qu'on appelera ensuite «la cellule de Francfort» entrent en Allemagne munis de faux papiers, après avoir passé des années à s'entraîner en Afghanistan, dans des camps financés par un certain Oussama Ben Laden, à la tête d'al-Qaida.
Dans ce commando macabre figure notamment Fouad Sabour, né en 1965 à Romans (Drôme). Il avait déjà été identifié en 1995 comme un membre des réseaux lyonnais du GIA algérien, impliqués dans la vague d'attentats qui avait endeuillé la France à l'époque. Après s'être enfui, il avait été condamné à trois ans de prison par contumace pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» pour ces faits.
Les trois derniers membres sont l'Irakien Hicham Haddad, et les Algériens Mustapha Keliouli et Karim Mustal. Ensemble, ils avaient créé «leur propre réseau à Francfort et avaient pour but d'organiser des actions punitives contre les ennemis de l'islam et les institutions publiques de pays occidentaux», comme l'avait alors expliqué la justice allemande.
Les quatre hommes avaient choisi leur cible : Strasbourg, capitale de Noël, grouillante de touristes à la période des fêtes. L'objectif ? Faire exploser les chalets du marché au pied de la cathédrale.
L'enquête de trois pays
Tout avait déjà été prévu, pour un passage à l'acte la veille de Noël. L'un des membres avait pris soin de tourner un petit film, dans lequel on discerne, malgré les images un peu floues, l'autoroute entre Francfort et Strasbourg, puis le pont de l'Europe entre l'Allemagne et la France. Celui qui tient la caméra s'attarde ensuite sur un itinéraire qui mène au centre-ville de Strasbourg, avant de filmer les abords de la cathédrale, et la foule qui sillonne le marché.
Mais l'enquête, menée par la police allemande et les services de renseignement français, eux-mêmes guidés par des indications des services anglais, avait permis l'arrestation du commando le 20 décembre, quatre jours avant qu'ils n'accomplissent leur funeste dessein.
Le projet qui aurait pu virer au drame
Le 28 décembre 2000, des policiers allemands perquisitionnent les deux appartements qu'occupaient les hommes de la cellule de Francfort. Ils mettront la main sur le film amateur, des faux papiers, et un arsenal qui aurait pu causer un véritable massacre : une grenade offensive, deux pistolets mitrailleurs, un revolver, quatre pistolets automatiques, vingt kilos de permanganate de potassium - une substance qui entre dans la fabrication d'explosifs - , des détonateurs et une bombe artisanale prête à l'emploi.
Depuis cet attentat déjoué, le monde a été frappée par plus d'un drame : l'attentat du World Trade Center en 2001, celui du marathon de Boston en 2013, ceux de 2015 en France... Malgré les mesures drastiques désormais mises en place, certains passent entre les mailles du filet. Le 19 décembre 2016, Anis Amri, 24 ans, avait ainsi foncé sur le marché de Noël de Berlin à bord de son camion-bélier, faisant vingt morts et une cinquantaine de blessés.
Et cette année à Strasbourg, Cherif Chekatt a échappé aux 250 policiers, à la cinquantaine de policiers municipaux, aux 160 agents de sécurité, et aux dizaines de militaires de l'opération Sentinelle sur place.