Il a un nom, un visage, mais il court toujours: la chasse à l'homme se poursuit jeudi pour appréhender Cherif Chekatt, l'auteur présumé de la tuerie du marché de Noël de Strasbourg, qui reste fermé.
La police nationale a lancé mercredi soir un appel à témoins pour retrouver l'homme le plus recherché de France, auteur présumé de cet attentat qui a fait deux morts et un blessé en état de mort cérébrale.
«Attention, individu dangereux, surtout n'intervenez pas vous-même», a mis en garde la police, décrivant un individu de 1,80 m, «peau mate», «corpulence normale» et «marque sur le front». Toute personne en possession «d'informations permettant de le localiser» est appelée à composer le 197.
Le marché de Noël, qui attire chaque année deux millions de touristes, a été fermé mercredi et doit le rester jeudi. Avec Cherif Chekatt toujours en fuite, le préfet estime que les conditions de sécurité ne sont pas suffisantes pour une réouverture.
«En lien avec le maire et le président de l'Eurométropole la fermeture du marché de Noël se poursuivra jeudi», a ainsi déclaré le préfet du Bas-Rhin Jean-Luc Marx.
La vive inquiétude de la population a fait que les rues de Strasbourg sont restées désertes mercredi. Le préfet a tenté de rassurer, insistant sur le fait que la ville serait quadrillée par les forces de l'ordre. Et il a souligné n'avoir «pas relevé de faille dans le dispositif» de sécurité en place autour du marché de Noël mardi, jour de l'attaque.
Échange de tirs
L'ensemble des équipements culturels et sportifs de la ville doivent en revanche rouvrir jeudi. Un temps de prière oecuménique est prévu à 18h00 à la cathédrale.
Sur la place Kléber, des passants ont aussi commencé à rendre hommage aux victimes par des inscriptions «Je suis Strasbourg», des bougies et pétales de roses.
Né à Strasbourg et fiché «S» («sûreté de l'État») pour sa radicalisation islamiste, Cherif Chekatt, 29 ans, a un passé judiciaire très lourd avec déjà pas moins de 27 condamnations. Il est soupçonné d'avoir ouvert le feu mardi peu avant 20H00 dans des rues commerçantes du centre historique de Strasbourg, à quelques mètres du grand sapin du célèbre marché de Noël. Douze personnes ont également été blessées.
L'assaillant, doté d'une arme de poing et d'un couteau, a ensuite échangé des tirs avec les forces de l'ordre, qui l'ont blessé au bras.
Dans des circonstances encore floues, l'assaillant a réussi à prendre un taxi pour se rendre dans le quartier du Neudorf, où a eu lieu un nouvel échange de tirs avec la police, avant qu'il ne disparaisse.
Au total, 720 membres des forces de l'ordre sont actuellement à sa recherche.
Des témoins ont entendu Cherif Chekatt crier «Allah Akbar», et la section antiterroriste du parquet de Paris s'est saisie des faits.
Allemagne, Suisse en alerte
L'assaillant compte 67 antécédents judiciaires, dont 27 condamnations en France, en Allemagne et en Suisse pour des faits de droit commun.
«Il a déjà été incarcéré à de multiples reprises et était connu de l'administration pénitentiaire pour sa radicalisation et son attitude prosélyte en 2015», a rappelé le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz. L'assaillant était inscrit au Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) et faisait «l'objet d'un suivi de la DGSI», a-t-il ajouté.
Il devait être interpellé par les gendarmes mardi matin, dans le cadre d'une enquête de droit commun, le jour de la fusillade donc, mais a échappé à cette arrestation.
Près de 36 heures après les faits, il n'est même pas sûr que Cherif Chekatt soit encore en France. Les enquêteurs ont ainsi pensé un moment qu'il pouvait avoir passé la frontière et s'être réfugié à Kehl, juste de l'autre côté du Rhin, mais une intervention des polices française et allemande n'a pas permis de retrouver sa trace mercredi matin.
Les autorités françaises «sont bien entendu en lien avec les autorités allemandes», a repris le préfet Marx.
La Suisse, à 130 kilomètres au sud de Strasbourg, a également renforcé ses mesures de sécurité à la frontière.
En décembre 2016, l'auteur de l'attentat contre le marché de Noël de Berlin, qui avait fait 12 morts et 48 blessés avec un camion bélier, avait été tué quelques jours plus tard bien loin du lieu de son forfait, lors d'un contrôle de police à Milan, dans le nord de l'Italie.