Recouverts de peinture, "emballés" dans du plastique ou incendiés: déjà ciblés par les automobilistes en colère depuis le passage au 80 km/h, les radars routiers font l'objet de nombreuses dégradations ces dernières semaines, en plein mouvement des "gilets jaunes".
Depuis le début de la mobilisation le 17 novembre, plus de 1.500 actes de vandalisme ont été recensés et au moins 250 appareils détruits, mettant "hors service la moitié" du parc, qui compte environ 3.200 radars fixes (dont 2.500 pour contrôler la vitesse). A la Sécurité routière, on se refuse à donner des chiffres ou à faire le lien avec les "gilets jaunes". "C'est incontestable que depuis plusieurs semaines, les dégradations ont augmenté", se contente d'affirmer le Délégué interministériel à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe.
Ces dernières semaines, des cas de vandalisation ont été répertoriés à travers la France, en Dordogne, Haute-Vienne, dans les Landes, l'Oise ou en Haute-Garonne, où trois "gilets jaunes" ont été condamnés à trois mois avec sursis et 105 heures de travail d'intérêt général pour avoir incendié deux radars. Le 27 novembre, après dix jours de mobilisation, la seule préfecture de Charente faisait déjà état de 42 radars dégradés.
Les radars font l'objet d'une colère croissante depuis l'été de la part d'automobilistes et motards opposés à l'abaissement de 90 à 80 km/h de la limitation de vitesse sur les routes secondaires à double sens sans séparateur central. Cette mesure, entrée en vigueur le 1er juillet, constitue selon eux un "passage en force" du gouvernement, qui aurait fait fi des sondages, des manifestations et de la fronde de certains élus pour "imposer" cette mesure qui pourrait sauver, selon les autorités, jusqu'à 400 vies par an.
Pour leurs détracteurs, les radars incarnent le "racket" de l'Etat contre les automobilistes, un terme repris par certains "gilets jaunes" qui protestent contre la hausse des prix des carburants et les taxes en général. En 2017, les radars routiers ont rapporté 1,01 milliard d'euros à l'Etat, selon la Cour des comptes.