Face à une grogne sociale massive, Emmanuel Macron a fait lundi plusieurs promesses visant à améliorer le pouvoir d’achat.
Un pas vers les gilets jaunes. Silencieux depuis plus d’une semaine, ce qui lui était régulièrement reproché, Emmanuel Macron a enfin pris la parole, lundi soir, à l’Elysée. Confronté depuis trois semaines à une crise sociale sans précédent depuis le début de son mandat, le président a voulu montrer qu’il entendait la colère, dans une allocution télévisée.
Après une matinée de consultation avec les représentants des corps intermédiaires (syndicats, organisations patronales, élus locaux), il a annoncé des mesures fortes en faveur du pouvoir d’achat, destinées à apaiser les tensions et à faire face à «l’état d’urgence économique et sociale».
Quatre gestes phares
En premier lieu, le chef de l’Etat a accepté de céder à l’une des principales revendications des gilets jaunes. Il a ainsi annoncé une hausse du Smic de 100 euros net par mois dès janvier prochain, «sans qu’il en coûte rien à l’employeur». Cette mesure avait jusqu’ici été exclue par la ministre du Travail Muriel Pénicaud, arguant que cela «détruirait des emplois».
Emmanuel Macron a également contredit son ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, qui avait déclaré, lundi matin, que le gouvernement ne toucherait pas à la hausse polémique de la CSG. Le chef de l’Etat a en effet décidé de la supprimer pour les retraités touchant moins de 2 000 euros par mois. Jusque-là, seuls ceux gagnant moins de 1 200 euros en étaient exemptés.
Le locataire de l’Elysée a aussi annoncé que les heures supplémentaires seront versées «sans impôts ni charges dès 2019». La «désocialisation» de celles-ci, selon ses propres termes, était déjà prévue et doit entrer en vigueur en septembre prochain. Leur défiscalisation est en revanche une nouveauté. Elle avait été mise en place par Nicolas Sarkozy avant d’être supprimée sous le quinquennat Hollande.
Emmanuel Macron a enfin demandé aux entreprises «qui le peuvent» de verser une prime de fin d’année à leurs salariés, qui sera elle aussi défiscalisée et sans charges sociales. Le président de la République n’a en revanche pas cédé sur la restauration de l’ISF, réclamée par les gilets jaunes. «Revenir en arrière nous affaiblirait», a dit le chef de l’Etat.
Une difficile sortie de conflit
Mais pas sûr que ces annonces suffisent à éteindre la colère. Même si certains gilets jaunes ont reconnu des «avancées», comme la porte-parole Jacline Mouraud, la plupart les jugent «insuffisantes». «Nous avons peut-être atteint un point de non-retour dans cette crise», commente le politologue Philippe Moreau Chevrolet. Preuve de cette défiance, certains gilets jaunes appellent toujours à un «acte V» du mouvement le week-end prochain, après un «acte IV» qui avait réuni samedi 136 000 manifestants.