Environ 200 lycées et collèges en France ont été de nouveau bloqués ou perturbés jeudi par des élèves et plusieurs incidents ont été recensés, conduisant notamment à des interpellations massives en région parisienne.
«On est sur des chiffres à peu près similaires aux jours précédents», a indiqué à l'AFP le ministère de l'Education nationale. «Selon les établissements, les situations sont très hétérogènes, entre les blocages totaux, partiels, les barrages filtrants, des feux de palettes...». Les syndicats lycéens ont appelé à maintenir la pression et intensifier le mouvement jeudi par une «mobilisation générale» avant des manifestations vendredi.
Dans les Yvelines, 148 personnes ont été interpellées devant un lycée de Mantes-la-Jolie pour «participation à un attroupement armé» après des heurts et dégradations, a indiqué à l'AFP le commissaire de la ville, assurant vouloir ainsi «interrompre un processus incontrôlé». Ces arrestations ont eu lieu après de nouveaux incidents à proximité du lycée Saint-Exupéry, où deux voitures ont été incendiées jeudi et où des heurts ont éclaté avec la police, a constaté une journaliste de l'AFP.
Dans les Hauts-de-Seine, 35 personnes ont été placées en garde à vue après des échauffourées devant des lycées. En Seine-Saint-Denis, la situation a été tendue dans la matinée devant plusieurs établissements.
Devant le lycée Henri-Wallon à Aubervilliers, où des élèves ont partiellement bloqué l'entrée dans la matinée, Zelal a déclaré : «On bloque pour la nouvelle réforme, Parcoursup, l'état du lycée aussi : il est vieux, on n'a pas de foyer». «Si ça finit mal, c'est la faute des flics qui nous empêchent de nous rassembler», a dit aussi Majid, un lycéen de l'Essonne, où 29 personnes ont été interpellées.
Dans le Val-de-Marne, environ 150 jeunes, dont certains portaient des gilets jaunes, se sont rassemblés devant le lycée polyvalent de Cachan. «La hausse des carburants, c'est nous qui allons la payer plus tard», a dit Inès, en Première.
Pétards et fumigènes
«Sous prétexte des 'gilets jaunes', on voit surgir toutes sortes d'individus qui se mêlent à des gens qui sont de bonne foi pour manifester, comme les lycéens, et ceci débouche sur des violences graves», a réagi dans la matinée sur BFMTV le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer.
Plusieurs syndicats (FO, Sgen-CFDT) ou la fédération de parents d'élèves FCPE demandent au ministre d'«entendre» les revendications exprimées par les lycéens, qui appellent notamment à l'abandon des réformes du bac, de la voie professionnelle ou de l'accès à l'université. Au lycée Jacques-Monod, à Orléans, où un élève a été grièvement blessé par un tir de lanceur de balles de défense mercredi, la proviseur avait appelé les élèves à «ne pas rejoindre le lycée jeudi et vendredi».
Des tensions ont été constatées à Grenoble et son agglomération, ainsi qu'à Annecy, et la police a procédé à des interpellations. Les blocages se sont poursuivis à Toulouse et une manifestation a été ponctuée de violences : deux policiers ont été blessés et un journaliste «bousculé», a indiqué la préfecture de la Haute-Garonne.
Un élève a été blessé à Béziers (Hérault). Quelques incidents ont éclaté dans l'académie de Strasbourg avec des pétards et fumigènes lancés par endroits, ainsi qu'à Mulhouse. Quelque 900 lycéens ont manifesté dans les rues de Clermont-Ferrand, selon la police. Des manifestations qui ont donné lieu à des heurts avec la police devant plusieurs établissements de la ville.
A Bordeaux, six mineurs interpellés sont encore en garde à vue. A Marseille, une vingtaine d'établissements ont été touchés, avec des «blocages plus ou moins filtrants», selon le rectorat. Jeudi matin dans la cité phocéenne, la tension était grande devant les lycées Ampère et la Viste, avec des jets de pierre et des caillassages des forces de l'ordre, et de nombreux feux de poubelles.
La mobilisation s'est étendue à quelques universités, notamment à Tolbiac (Paris 1) ou Paris 3-Censier. Environ 2.000 personnes, étudiants en majorité, ont manifesté à Paris, pour protester contre la hausse des frais d'inscription pour les étrangers hors Union européenne, annoncée récemment par le gouvernement.