Confronté à une grogne persistante, l’Elysée espère réconcilier le pouvoir d’achat avec la transition écologique.
Il entend renouer le dialogue. Après dix jours de fronde des gilets jaunes, Emmanuel Macron va enfin sortir du silence. Discret depuis le début du mouvement, le chef de l’Etat doit dévoiler ce mardi 27 novembre plusieurs mesures d’accompagnement de la transition écologique, à l’occasion de la présentation de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).
Un discours très attendu, alors que les contestataires dénoncent justement la flambée actuelle des taxes sur le carburant, qui est destinée à financer partiellement cette transition. Si la prise de parole du président ne sera pas une réponse directe aux revendications, elle devrait tenter de réconcilier pouvoir d’achat – le nerf de leur guerre – et l’urgence environnementale.
Un exercice d’équilibriste
Tout l’enjeu pour le président, qui dit vouloir conserver le cap de sa politique verte, sera de rendre la transition écologique «la plus juste possible» et «acceptable» pour les plus modestes, selon l’Elysée. Un défi qu’Emmanuel Macron compte relever en proposant un «pacte social», qui reposerait sur la mobilisation de la société civile (syndicats, associations…), des particuliers et des élus locaux, mais aussi en créant, dès ce mardi, un Haut conseil pour le climat. Ce comité, composé d’experts et doté de moyens, sera notamment chargé de vérifier si les politiques environnementales et de leurs retombées fiscales sont supportables par les classes populaires.
LIVE | Compte-rendu du #ConseildesMinistres du lundi 26 novembre 2018 par @BGriveaux porte-parole du gouvernement et @Elisabeth_Borne ministre chargée des Transports.https://t.co/1z7XbACiiS
— Élysée (@Elysee) 26 novembre 2018
A cela s’ajoutent les dispositifs du projet de loi d’orientation des mobilités (LOM), présenté lundi, qui prévoit de faciliter le covoiturage, les déplacements domicile-travail, ou encore le passage du permis, afin de désenclaver la France dite périphérique, terreau de la colère. Sans compter les contreparties à la hausse des taxes, annoncées ces dernières semaines (prime à la conversion doublée, chèque énergie revalorisé…).
Autant de mesures destinées à répondre à des attentes pourtant difficilement conciliables. «Il y a un dialogue de sourds, entre ceux qui réclament plus de pouvoir d’achat d’un côté, et ceux qui reprochent de ne pas assez faire pour l’écologie de l’autre», note le politologue Philippe Moreau-Chevrolet.
Une colère tenace
Sauf surprise, la réponse présidentielle ne devrait pas éteindre la grogne des gilets jaunes, mobilisés en priorité contre la vie chère. Les élites «parlent de fin du monde quand nous, on parle de fin du mois», résumait l’un d’entre eux. Représenté depuis lundi par une délégation de huit d’entre eux, le mouvement revendique la baisse de «toutes les taxes», la création d’une «assemblée citoyenne», voire la démission d’Emmanuel Macron.
«La seule fenêtre du président serait soit d’annoncer des gestes forts pour le pouvoir d’achat, soit de dialoguer sur le terrain, au plus près des opposants. Sinon, la mobilisation risque de continuer de plus belle», selon Philippe Moreau-Chevrolet.
D’ailleurs, sur les réseaux sociaux, plusieurs milliers de gilets jaunes ont déjà prévu de manifester de nouveau à Paris, ce samedi 1er décembre. Ils pourront compter sur le soutien des trois quarts de Français, selon un récent sondage, mais aussi sur l’opposition, qui dénonce la «déconnexion» du gouvernement et une «instrumentalisation» de l’écologie. Qu’elle calme la colère ou la ravive, la réponse présidentielle s’annonce cruciale.