Plus de sept ans après le début de l'affaire ayant entraîné sa démission du gouvernement, l'ex-secrétaire d'Etat Georges Tron connaîtra jeudi le verdict de la cour d'assises qui le juge pour les viols de deux anciennes employées municipales.
L'avocat général a requis mercredi six ans de prison ferme contre Georges Tron, comparé au comte Dracula qui «vampirise ses victimes». Quatre ans de prison ont été réclamés contre son ex-adjointe à la Culture, Brigitte Gruel, jugée à ses côtés depuis le 23 octobre aux assises de Seine-Saint-Denis.
L'avocat général a également demandé qu'ils soient déclarés inéligibles pendant cinq ans et inscrits sur le fichier des délinquants sexuels.
La parole sera donnée une dernière fois jeudi matin à l'élu de l'Essonne et à son ancienne adjointe.
Pendant les quatre semaines de débats, les accusés, 61 ans tous les deux, n'ont eu de cesse de clamer leur innocence, d'affirmer que le «ressentiment» d'anciennes employées avait été exploité par leurs opposants locaux d'extrême droite.
Virginie Ettel et Éva Loubrieu, 41 et 44 ans, les accusent de leur avoir, ensemble, imposé des attouchements et des pénétrations digitales entre 2007 et 2010.
Le scandale avait contraint Georges Tron à démissionner le 29 mai 2011 de son poste de secrétaire d'État à la Fonction publique du gouvernement Fillon. Ancien député, il est toujours maire (LR) de Draveil et conseiller départemental.
Faute d'éléments matériels au dossier, de type ADN, et de témoin direct, les débats ont essentiellement reposé sur des dizaines de témoignages, donnant lieu à un déballage où ce fut parole contre parole.
«Système Tron»
Georges Tron reconnaît uniquement un «flirt» avec une ex-attachée parlementaire et une relation extraconjugale - toujours en cours - avec son adjointe à l'Urbanisme Sylvie Doncarli.
Pour l'avocat général, l'élu a «abusé de son pouvoir avec ses subordonnées» puis tenté de «politiser une affaire purement sexuelle» en dénonçant un complot.
Ses réquisitions étaient très attendues, le ministère public s'étant toujours opposé au renvoi devant les assises de l'élu et de son ex-adjointe. La tenue d'un procès avait finalement été décidée en 2014 par la chambre de l'instruction.
Comme les parties civiles, il a dénoncé un «système Tron», où la pratique par le maire de la réflexologie plantaire sert de «piège» pour toucher les femmes et leur imposer - progressivement - davantage.
Mercredi, les avocats de la défense ont tour à tour plaidé l'acquittement devant une salle comble.
Ils ont relevé des incohérences dans les récits des plaignantes et leurs contacts répétés avec les opposants du maire.
Avocat de Georges Tron, Antoine Vey a dénoncé un «procès de la rumeur et de l'amalgame», un dossier «construit autour d'une mythologie», «une accumulation de riens».
Son autre avocat, Eric Dupond-Moretti, a lui tempêté pêle-mêle contre un réquisitoire «démago», fustigeant ce qu'il a estimé être les ravages de la médiatisation et une sacralisation des déclarations des femmes qui se présentent comme victimes.
L'affaire avait éclaté dix jours après la retentissante arrestation à New York de Dominique Strauss-Kahn, alors patron du Fonds monétaire international, accusé de viol par une femme de chambre.
Ce verdict est attendu un an après la déflagration Harvey Weinstein, suivie d'une vague mondiale de libération de la parole de femmes victimes de viols, agressions et harcèlement sexuels.