En août dernier, le père Pierre Vignon, juge canonique auprès du tribunal ecclésiastique de Lyon, avait lancé une pétition appelant à la démission du cardinal Philippe Barbarin. Il a appris qu'il n'était pas reconduit dans ses fonctions.
«C'est directement lié à la lettre ouverte que j'ai faite à Barbarin», a confirmé le religieux. «Mon évêque [du diocèse de Valence] m'a expliqué hier (mercredi) que je n'étais plus en position de cohérence en étant juge auprès de l'officialité, dans la mesure où le cardinal, de par ses fonctions, est le modérateur de celle-ci».
L'officialité de Lyon, également appelée tribunal ecclésiastique, est chargée par les 12 évêques des provinces ecclésiastiques de Lyon et Clermont-Ferrand de l'administration de la justice dans leurs diocèses.
«Je regrette cette décision mais je l'accepte et surtout je ne regrette rien de ce que j'ai dit cet été car je l'ai dit en conscience et ça reste toujours valable», a ajouté le père Vignon, qui officie comme prêtre dans le Vercors et exerçait la fonction de juge canonique depuis 2002.
Une pétition signée par 105.000 personnes
Dans sa lettre mise en ligne et signée depuis par quelque 105.000 personnes, ce prêtre appelait «publiquement et sans détour» l'archevêque de Lyon, poursuivi pour ne pas avoir dénoncé à la justice des agressions sexuelles commises dans son diocèse, à démissionner «dans les plus brefs délais», après un nouvel appel du Pape à se mobiliser contre la pédophilie au sein du clergé catholique.
Le père Vignon a contacté jeudi le responsable du tribunal ecclésiastique de Lyon, qui lui a confirmé qu'il n'était plus juge à compter de ce jeudi. Celui-ci a fait valoir l'entrée en vigueur, au 1er novembre, de nouveaux statuts de l'officialité qui prévoient désormais que les juges sont nommés pour une période de six ans renouvelable. Leur exercice n'était pas limité dans le temps jusqu'à présent.
Dans le cadre de ces nouvelles nominations, les évêques de la région n'ont pas souhaité reconduire le père Vignon dans ses fonctions. «Il ne m'appartient pas de commenter leur décision», a écrit au père Vignon le responsable de l'officialité, que l'AFP n'a pas pu joindre dans l'immédiat jeudi.