La dépression a gagné du terrain en France entre 2010 et 2017, après une période de stabilité entre 2005 et 2010. C'est la conclusion d'une étude de l'agence sanitaire Santé publique France, publiée mardi 16 octobre.
Près d'un Français sur dix (9,8 %) a connu un épisode dépressif en 2017. «C'est 1,8 points de plus par rapport à 2010», note Santé publique France dans son Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH). Pour en arriver à cette conclusion, l'établissement public a interrogé par téléphone et informatique plus de 25 000 personnes âgées de 18 à 75 ans.
Afin d'éviter de prendre en compte dans leurs données la «déprime» passagère qui peut gagner tout un chacun, les enquêteurs de Santé publique France se sont appuyés sur une définition stricte de ce qu'ils appellent l' «épisode dépressif caractérisé» ou EDC. Celui-ci se caractérise par une période d'au moins deux semaines consécutives où l'individu se sent triste, déprimé, sans espoir, ou bien a perdu intérêt pour la plupart des choses.
A cela s'ajoutent au moins trois symptômes secondaires (épuisement, prise ou perte de poids, difficultés à dormir ou à se concentrer, idées morbides, perte d’intérêt pour les activités qui donnent habituellement du plaisir), et le fait que la vie quotidienne s'en trouve perturbée.
Les femmes, les étudiants et les chômeurs premiers touchés
Concernant la dépression, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. Ce trouble touche deux fois plus les femmes (13 %) que les hommes (6,4 %). Pour expliquer cela, le rapport met en avant «la différenciation des rôles et positions sociales selon le sexe, impliquant des différences aussi bien en termes d’exposition au stress que de stratégies pour y faire face». Autre hypothèse avancée, «le fait que les hommes seraient moins enclins à admettre une dépression», et qu'ils exprimeraient leur mal-être d'une autre façon, comme les addictions.
Les étudiants sont également particulièrement touchés par la dépression, puisque 13 % d'entre eux ont connu un épisode dépressif en 2017. Un chiffre en augmentation de 4 points par rapport à 2010. Les chômeurs sont encore plus nombreux en proportion à être touchés par ce trouble : ils étaient 16,7 % en 2017 (+ 5 points par rapport à 2010).
Le lien entre bas revenus et dépression mis en lumière
Pour la première fois, l'enquête révèle qu'il existe un lien fort entre la dépression et le revenu. «Les individus avec un statut socioéconomique défavorisé présenteraient un risque 1,8 fois plus important d’avoir une dépression que ceux d’un milieu socioéconomique élevé», rapporte Santé publique France.
«En concordance avec les études internationales, ce sont donc le sexe féminin, l'inactivité professionnelle, le faible niveau de revenus, les ruptures conjugales et l'âge inférieur à 45 ans qui sont positivement liés à la survenue d'un épisode dépressif», conclut l'étude.