Bientôt du nouveau au tableau. Le Conseil supérieur des programmes (CSP) se réunit depuis jeudi dernier et jusqu'au 2 novembre pour examiner les propositions d'experts sur l'enseignement du français, des maths et de l'histoire-géographie pour les secondes et premières.
Malgré les précautions pour garder le secret, certains textes, bien que susceptibles d'être encore modifiés, ont déjà fuité. C'est le Snes-FSU, premier syndicat des enseignants du secondaire, qui a choisi d'en publier certains, estimant que «les programmes ne doivent pas s'élaborer sous le sceau du secret». Voici à quoi pourraient ressembler les disciplines phares dès la rentrée 2019, comme le révèle Le Journal du dimanche.
Français : une approche plus chronologique, l'accent mis sur la lecture et la grammaire
Comme voulu par le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, l'enseignement de la littérature serait davantage chronologique que thématique. Chaque année, quatre parcours seraient ainsi proposés – par exemple, «la poésie, du Moyen Age au XVIIIe siècle».
Côté lecture, les élèves devront lire sept œuvres en seconde et huit en première, avec une liste d'ouvrages imposée aux professeurs. Tous devront aussi tenir un «carnet personnel» de leurs lectures et expériences culturelles (spectacles, expos...).
Chère à Jean-Michel Blanquer, partisan d'une instruction des plus classiques, la grammaire serait également à l'honneur avec des exercices quotidiens et approfondis. Une mise à jour qui irait de pair avec la réforme du bac. L'épreuve orale de l'examen final prévoit en effet une courte question de grammaire, une explication linéaire et un entretien à partir du dossier de chaque candidat.
Maths : rituels de calcul, démonstrations et sciences du XXIe siècle
Dès la seconde, les nouveaux programmes pourraient faire la part belle aux rituels – de calcul notamment – pour développer les automatismes, mais également sur l'importance de la démonstration en mathématiques et sur le droit de se tromper, pour rebondir après un échec. En revanche, la géométrie dans l'espace, bête noire de nombreux élèves, risque bien de disparaître des manuels.
En seconde et en première entrerait en vigueur une nouvelle matière : l'«enseignement scientifique», qui permettrait selon le ministère de donner «à tous les lycéens les connaissances indispensables pour vivre et agir dans le XXIe siècle en approfondissant les compétences numériques de l'élève, ainsi que sa compréhension des grandes transformations scientifiques et technologiques de notre temps (bioéthique, transition écologique...)». Grosso modo, un mix entre mathématiques, SVT et physique-chimie.
Histoire-géographie : la Révolution reportée, la transition écologique et un enseignement civique revisité
Alors que les professeurs ont aujourd'hui le choix d'enseigner tels ou tels sous-thèmes sur un sujet, tout le programme serait désormais obligatoires. A noter cependant que la Révolution française ne devrait plus être enseignée en seconde mais en première, la détachant ainsi de la Révolution aux Etats-Unis, au grand dam de certains profs soucieux de continuité et de logique historiques.
En géographie, ce serait désormais la notion de «transition» qui servira de fil rouge à la pédagogie plutôt que le «développement durable». Au programme, notamment, des exercices moins «classiques» : réalisation de croquis, analyse de documents, mais aussi des visites de terrain, des projets numériques ou encore des interventions dans les classes d'acteurs engagés sur un domaine.
Enfin, en matière d'enseignement moral et civique, c'est un petit séisme qui se prépare si l'on en croit les syndicats. Chaque année serait désormais consacrée à l'étude d'une thématique, comme la liberté en seconde, la société en première et la démocratie en terminale, par exemple. Exit les rencontres avec des acteurs de la Justice, les débats avec des experts ou les jeux de rôles à partir de situations quotidiennes : l'actualité, bien qu'abordée succinctement au travers des grands thèmes (ex. service national universel, fake news, immigration...), ne sera plus tant au cœur de l'enseignement civique.