Devant la Bugatti Divo, aux allures de Batmobile, seul le bruit des appareils photos vient perturber le respect quasi religieux du public : au Mondial de l'Automobile, on se déplace avant tout pour venir rêver devant des bolides rares.
«Ce n'est plus une voiture, c'est un vaisseau», souffle Moussa, venu avec son épouse et son beau-père, depuis la banlieue parisienne, les yeux rivés sur la star du salon automobile parisien. «C'est la beauté de cet endroit, on y vient surtout pour voir de belles voitures qu'on n'a pas l'habitude de croiser dans la rue», ajoute-t-il en délaissant le monstre de 1.500 chevaux pour se diriger vers le stand Maserati. A la Porte de Versailles, où le gratin de l'automobile a ouvert ses portes au public depuis jeudi, les voitures italiennes de luxe ont la cote.
Les marques françaises aussi à l'honneur
Protégées par des barrières vitrées, elles ne sont pourtant accessibles qu'à certains privilégiés. Devant le plateau Ferrari où une 488 Spider est exposée, le public est gardé à bonne distance. «A crédit, tu peux toujours l'acheter», plaisante un passant qui passe avec un ami. «On vient pour voir ce type de voitures, évidemment, mais surtout pour les prendre en photo. Après on ira sur les stands des marques plus accessibles. Ca peut nous donner des idées pour un futur achat», explique à l'AFP Eric, accompagné par son épouse.
Un peu plus loin, un groupe de jeunes apprentis mécaniciens de Guyancourt (Yvelines) s'essaie à un simulateur de conduite. Tous mineurs, ils n'ont pas encore le permis, mais rêvent davantage de Mustang et de Lotus que de Renault hybride. Les marques françaises ne sont pas délaissées pour autant. Idéalement situées au centre du salon, elles attirent une foule nombreuse. Des curieux font la queue pour se presser derrière le volant de la nouvelle Alpine à la carrosserie bleu éponyme qui fait l'unanimité.
Et du côté des véhicules plus abordables, certains en profitent pour aller plus loin qu'un simple repérage. Chez Renault, on estime ainsi que près de 1.000 voitures seront vendues directement pendant la durée du salon. A quelques mètres de là, François venu avec sa fille, sort le sourire aux lèvres de chez DS. «Je viens d'acheter une DS7 pour moi. C'était prévu et je suis venu ici pour ça. Au moment du salon, c'est intéressant car les constructeurs font des efforts. Maintenant, on va aller faire du repérage pour ma fille», sourit-il, après avoir conclu son achat, coupe de champagne à la clé.
L'électrique ne séduit pas les foules
Autour des voitures électriques, particulièrement mises en avant sur ce salon, l'enthousiasme retombe un peu. Si les hybrides séduisent de plus en plus de conducteurs, franchir le cap du tout électrique freine encore beaucoup de visiteurs. «Celle-ci est jolie, mais ce qui importe le plus c'est l'autonomie. On a vu des modèles avec 200 kilomètres d'autonomie maximum, ça ne nous suffit pas», souffle Yvette une retraitée bretonne, accompagnée par son mari, devant la future DS3 crossback électrique.
«C'est l'air du temps, mais l'autonomie reste un problème», abonde Teddy qui s'est levé à 5h du matin pour venir de Cherbourg. «Vu le prix du carburant, les interdictions de circuler en ville, on va être obligés d'y céder», glisse, fataliste, Pascal qui ne manque pas un salon depuis plusieurs années.
De retour chez Renault, un autre couple de retraités, partis dans la matinée de l'Eure pour venir spécialement au salon, semble interpellé par la petite Twizy. «Je verrai bien ça derrière notre camping-car», rigole Anne-Marie. «Tout le monde est sur l'électrique maintenant, comme tout le monde était sur le diesel et après on nous dira que finalement ça ne va plus», se reprend-elle, manifestement pas encore prête à sauter le pas.
Au moins un million de visiteurs sont attendus au salon qui fermera ses portes le dimanche 14 octobre. Il y a deux ans, le Mondial avait duré cinq jours de plus et avait accueilli près de 1,1 million de visiteurs.