Bête noire de nombreux écoliers, les cours de langues étrangères sont au menu d’un rapport remis ce matin au ministre, Jean-Michel Blanquer.
Des cours de langues non, des cours en langues
La mesure phare du rapport, confirmé ce matin par ses auteurs, Chantal Manes, inspectrice de l’Education nationale et Alex Taylor, journaliste britannique, pour redonner le goût des langues tient de la petite révolution : enseigner les maths, les sciences ou l’histoire-géo dans une langue étrangère, en mettant l’accent sur l’anglais, et ce dès le CP.
Chantal Mannes « il faut oser enseigner d’autres matières et organiser des activités à l’école en anglais, en allemand, en italien, en espagnol » pic.twitter.com/IQ32wwitmL
— Emilie Duhamel (@emilie_duh) 12 septembre 2018
Si des initiatives dans ce sens ont déjà été mises en place dans des établissements privés, le ministre souhaite généraliser la mesure à l’ensemble du système scolaire public.
L'ANGLAIS AU QUOTIDIEN
Une pratique quasi-quotidienne de la langue choisie est également recommandée, sans pour autant changer le volume horaire actuel : 15 à 20 minutes par jour au primaire, et quatre à cinq séances de 45 minutes réparties sur la semaine au collège.
Autre mesure, plus symbolique : l’anglais pourrait devenir obligatoire. Si seuls 0,7% des élèves n’étudiaient pas encore la langue de Shakespeare, la mesure devrait permettre aux élèves de valoriser cette matière désormais considérée essentielle, au même titre que les mathématiques ou le français.
A l’occasion de la présentation du rapport, Jean-Michel Blanquer a également insisté sur la nécessaire exposition des élèves aux langues, au-delà de l’école.
Renforcer les classes bilingues, favoriser l’obtention d’une certification internationale avant les études supérieures et la prise en considération des inquiétudes professeurs sur les effectifs de classe sont également des pistes sur lesquelles le ministre devrait se pencher.
Et pour les profs ?
De l'autre côté de la salle de classe, les professeurs devraient eux aussi voir évoluer leur manière d'enseigner les langues étrangères. Une évaluation des nouveaux candidats au professorat, toutes matières confondues - obligatoire pour le recrutement des professeurs des écoles, optionnelle pour le Capes - pourrait bientôt voir le jour.
D’ici là, maitres et maitresses d’école en poste pourraient bénéficier de ressources pédagogiques supplémentaires et être épaulés par des assistants de langue, selon le ministre, un dispositif déjà présent qui devrait être renforcé.
Si le recours aux locuteurs natifs est vivement encouragé, profs et élèves pourraient également bénéficier d'un trimestre ou d'un semestre à l’étranger, une immersion jugée nécessaire à la fois pour l'apprentissage et l'enseignement.
La France cancre des langues ?
Car, le constat est plutôt morose : le dernier classement européen de référence SurveyLang, paru en 2012, classait l’Hexagone 15e sur 16 pays européens dans la maîtrise d’une première langue vivante et 12e sur la seconde.
« il n’y a rien dans l’ADN des Français qui les empêchent de bien parler les langues » mais « le système basé sur la punition » n’est pas du goût d’ @AlexTaylorNews @CNEWS
— Emilie Duhamel (@emilie_duh) 12 septembre 2018
Mais rien de dramatique selon Alex Taylor : «En France, La phrase que j’entends le plus souvent en tant qu’anglophone, dans la vie de tous les jours, c’est "je n’oserai jamais parler anglais devant toi"» avant d’ajouter «Très franchement parmi les 6 pays où nous sommes allés pour réaliser ce rapport, les meilleurs cours que j’ai vu étaient en France».