Témoin clé au procès de trois skinheads jugés pour la mort de l'antifasciste Clément Méric, Serge Ayoub, figure tutélaire de la jeunesse d'ultra droite, a fait savoir mardi à la cour d'assises qu'il ne serait pas présent.
L'ancien chef des skinheads d'extrême droite à Paris, alias Batskin, a transmis un certificat médical indiquant qu'il ne pourrait être présent le 6 septembre, date de sa convocation, et adressé une lettre à la cour.
Dans ce courrier, lu à l'audience, il évoque les «risques de trouble à l'ordre public» liés à ce procès, redoutant de possibles violences des militants antifascistes qui ne manqueraient pas de venir en nombre au procès.
«Il est hors de question que le drame se réitère... et qu'une fois agressé, je sois obligé de me défendre», a écrit le fondateur de Troisième voie, un mouvement d'extrême droite dissous après la mort de Clément Méric et autour duquel gravitaient les accusés.
La formulation choisie par Ayoub a suscité des murmures dans la salle. Tout l'enjeu du procès sera de déterminer dans quelles circonstances les coups ont été portés, avec quels objets.
Jusqu'à 20 ans de prison
Les deux principaux accusés sont jugés pour des coups mortels aggravés - en réunion et avec un poing américain - et risquent jusqu'à 20 ans de prison.
Clément Méric, étudiant à Sciences Po de 18 ans, se remettait à peine d'une leucémie quand a éclaté la rixe ce 5 juin 2013, après la rencontre fortuite entre deux groupes ennemis à une vente privée de vêtements.
Frappé au moins deux fois, le jeune homme s'est écroulé sur le bitume. Un crime politique pour ses camarades autonomes, la conséquence malheureuse de provocations de jeunes gauchistes pour Serge Ayoub.
Pour Batskin, qui accueille les accusés le soir-même dans son bar, les «antifas» «ont attendu les 'petits fachos'». Pour lui, Méric n'était pas de taille : «Il a joué, il a perdu», a-t-il récemment dit à l'AFP.
L'avocat général, Rémi Crosson du Cormier, s'est engagé à prendre dès demain des «nouvelles de la santé» de Serge Ayoub, qu'il compte bien entendre, n'excluant pas un recours à la «contrainte" si son état de santé le permet.
Serge Ayoub a été mis en examen dans plusieurs affaires de violences et/ou meurtres impliquant des membres de groupuscules d'extrême droite. Il n'a toutefois jamais été condamné dans ces affaires.