Sous pression, l’exécutif doit trancher plusieurs dossiers cruciaux aujourd’hui et espère ainsi repartir de l’avant.
Les vacances sont finies. Confronté à une rentrée agitée, Emmanuel Macron, jusqu’ici discret, va tenter de reprendre la main dès ce mardi, lors d’une réunion à l’Elysée avec les ministres. Au sommaire : la délicate succession de Nicolas Hulot et l’avenir du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu. Deux dossiers brûlants, mais qui n’étaient pas inscrits à l’agenda il y a encore quelques semaines.
L’été avait jusque-là été plutôt parasité par l’affaire Benalla et l’enquête visant la ministre de la Culture, Françoise Nyssen. Parce qu’elle pourrait donner le ton des prochains mois, la journée s’annonce donc cruciale pour l’exécutif.
Des décisions scrutées à la loupe
Si le départ inattendu de Nicolas Hulot, caution verte du pouvoir, laisse en suspens plusieurs dossiers sensibles (réduction du nucléaire, préservation de la biodiversité, transition énergétique…), «il ne remet pas en cause les politiques» menées par le gouvernement, avait assuré la semaine dernière son porte-parole, Benjamin Griveaux. Afin de joindre la parole aux actes, l’exécutif a promis une équipe au complet pour aujourd’hui au plus tard.
Si aucun favori ne se démarque pour l’heure, plusieurs noms circulent. Parmi eux, Pascal Canfin, le président de l’ONG WWF France, et Laurence Tubiana, directrice de la Fondation européenne pour le climat, mais également des solutions internes à la majorité, comme la députée Barbara Pompili ou le président de l’Assemblée, François de Rugy. Seule certitude, ce ne sera pas Daniel Cohn-Bendit : donnée favorite le week-end dernier, cette figure de l’écologie politique a finalement renoncé «d’un commun accord» avec Emmanuel Macron.
Une question subsiste : le remaniement sera-t-il cantonné au poste de Hulot ou élargi à d’autres portefeuilles ?
Autre chantier à faire avancer : le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu. Alors que cette réforme, engagée sous François Hollande et plébiscitée par la population, doit entrer en vigueur en janvier 2019, le président a évoqué, contre toute attente, un possible abandon. En cause, le risque d’une «usine à gaz» trop technique, ainsi que l’hostilité des entreprises et la crainte d’agacer les contribuables qui verront leur salaire net amputé.
«Cet atermoiement, imprévu, dégrade son image de président réformateur, cohérent et efficace, relève Frédéric Dabi, de l’Ifop. Du fait que les événements s’imposent à lui, Macron perd des piliers de satisfaction.» A tel point que la cote de popularité du couple exécutif n’a jamais été aussi basse dans les sondages.
Des réformes à préparer
Moins maître du tempo, Emmanuel Macron entend se concentrer, dès la semaine prochaine, sur les réformes – de l’assurance chômage au plan de lutte anti-pauvreté, en passant par le projet de loi Pacte et la refonte des retraites. Avec l’objectif, selon le porte-parole, d’«être à l’écoute des angoisses, des impatiences et des inquiétudes» de la population.
«Il va devoir prouver que ses actions ont un réel impact sur le quotidien des Français, qui jugent sur les résultats», estime Frédéric Dabi. Un chemin qui pourrait passer par des mesures sociales, comme la suppression de la taxe d’habitation ou le reste à charge zéro.