La Commission nationale informatique et libertés (Cnil) a annoncé jeudi qu'elle allait instruire «les plaintes dont elle a été saisie» concernant les conditions dans lesquelles une ONG belge a réalisé une étude sur l'impact de l'affaire Benalla sur les réseaux sociaux.
Les plaintes déposées - «un nombre important», a indiqué un porte-parole de la Cnil à l'AFP -, concerne une étude réalisée par une organisation de lutte contre la désinformation, l'ONG belge DisinfoLab, qui cherchait à déterminer s'il y avait eu, ou non, une ingérence russe afin d'amplifier l'impact de l'affaire Benalla sur Twitter tout particulièrement.
De nombreux internautes se sont plaints sur les réseaux sociaux du fait que DisinfoLab avait publié sur son site les fichiers des personnes ayant tweeté sur le sujet, avec le nombre de messages ou de retweets, et leur affiliation politique supposée.
Les personnes étaient classées en fonction du nombre de messages ou retweets en lien avec l'affaire Benalla mais également selon un profilage, «pro-Mélenchon», «pro-Rassemblement national» (RN, ex FN) ou «russophiles», ainsi que le nombre de rumeurs, déterminées comme telles par DisinfoLab et relayées.
«Plus de 4,5 millions de tweets en français ont été échangés sur le sujet»
L'ONG rejette sur Twitter les accusations les accusations de fichage et explique que «ces données ont été publiées à dessein de vérification méthodologique et afin de limiter la circulation d'un fichier erroné. Notre méthodologie consiste à exporter des données publiques de conversation et de les analyser». «Nous ne réalisons pas de fichage mais nous comprenons que cela puisse être interprété comme tel, et en sommes profondément désolés.»
Selon l'étude, menée du 19 juillet au 3 août, «plus de 4,5 millions de tweets en français ont été échangés sur le sujet», un chiffre qualifié d'«exceptionnel», trois fois supérieur à BalanceTonPorc.
L'ONG avait dans un premier temps émis l'hypothèse de l'ingérence de comptes «russophiles», dont certains auraient pu être des robots, avant de revenir sur ce point, estimant que rien ne permettait de l'affirmer.
Plusieurs responsables politiques, dont le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, avaient appelé, lors de la publication partielle des premiers résultats, à ce que «toute la transparence soit faite sur la diffusion de ce type de message».
L'étude montre certes «la tendance de comportement d'une minorité de comptes très, très active» et qualifiée de «russophile» pour ses nombreux retweets des médias russes Russia Today et Sputnik, a déclaré à l'AFP Alexandre Alaphilippe, chercheur à DisinfoLab, mais «la raison de ce comportement, nous ne l'avons pas».
Ces conclusions sont renforcées par celles d'une autre étude, menée par un spécialiste de la communication politique en ligne, Damien Liccia. «Il n'y pas d'ingérence russe dans l'affaire Benalla. L'influence des (robots) a été infinitésimale», a-t-il affirmé à l'AFP.