Emmanuel Macron s'éloigne jeudi et vendredi des tensions en France pour effecuer sa première visite en Espagne et au Portugal, deux Etats qui partagent sa volonté de relancer l'Europe.
La demande de Madrid et Lisbonne que Paris les aide à se connecter aux réseaux européens d'électricité et de gaz est également au menu de ce voyage, qui prolongera un déplacement mercredi et jeudi en Hautes-Pyrénées, le premier hors de Paris d'Emmanuel Macron depuis le déclenchement de l'affaire Benalla, la crise politique la plus grave de son quinquennat.
Emmanuel Macron s'entretiendra avec le nouveau Premier ministre socialiste Pedro Sanchez, qui était venu à l'Elysée le 23 juin juste après son arrivée au pouvoir, décidé à jouer un rôle plus visible que son prédécesseur Mariano Rajoy sur la scène internationale.
Les deux dirigeants «ont une relation très étroite», indique l'Elysée, et sur l'avenir de la zone euro «la convergence est presque totale».
La présidence française se félicite de la volonté de Pedro Sanchez d'être «impliqué dans les dossiers européens», alors que Paris manque de soutiens parmi les 28 sur son ambition de relancer l'Union européenne.
Madrid et Paris sont également proches sur le dossier des migrants, ayant proposé conjointement la création de «centres fermés» pour gérer leur arrivée sur le sol européen.
La question est sensible en Espagne, où sont arrivés davantage de migrants qu'en Italie depuis janvier, avec 18.000 arrivées par la mer contre 6.500 pour la même période de 2017, selon l'agence de l'ONU pour les migrations (OIM).
Dans la soirée, Emmanuel Macron est invité à un dîner officiel par le roi Felipe au Palais royal, en présence d'environ 70 convives.
«Plus un îlot» énergétique
Vendredi à Lisbonne, après un déjeuner avec le Premier ministre socialiste Antonio Costa, au pouvoir depuis fin 2015, Emmanuel Macron participera avec lui, Pedro Sanchez et des responsables de l'UE au deuxième sommet sur les interconnexions électriques entre la péninsule ibérique et le reste de l'Europe.
«Nous attendons de ce sommet des projets concrets pour que la péninsule ibérique ne soit plus une sorte d'îlot en Europe du point de vue énergétique», a déclaré mardi à Madrid le ministre portugais des Affaires étrangères Augusto Santos Silva, en présence de son collègue espagnol Josep Borrel.
Signe de divergences, l'Elysée ne parle que de connexions électriques alors que Madrid et Lisbonne voudraient aussi relier les gazoducs.
A l'occasion de ce sommet, sera confirmé le projet «Golfe de Gascogne», pour une liaison en courant continu, d’une capacité de 2.000 MW, sur environ 370 km, essentiellement sous-marins, entre les côtes de la Gironde et le nord de l'Espagne. La commission européenne va débourser la somme record de 578 millions d'euros pour soutenir ce projet, qui devrait entrer en service en 2025.
Le Portugal dispose d'un excédent de production d'électricité qu'il pourrait exporter au-delà de l'Espagne si les interconnexions se développent comme le prévoit la Commission européenne.
L'Espagne, qui importe le gaz d'Algérie, pousse un projet de gazoduc qui relierait la Catalogne à la France. Mais «les Français s'y opposent fortement et sa viabilité n'est pas évidente», a estimé Gonzalo Escribano, expert à l'Institut Elcano. «Je ne m'attends pas à un déblocage de la question du gaz, c'est là-dessus que le débat sera dur».
Emmanuel Macron aura participé dans la matinée à une «consultation citoyenne» sur l'avenir de l'Europe en présence de nombreux jeunes et d'Antonio Costa.
Ces débats, proposés par Emmanuel Macron dans un discours à la Sorbonne en septembre 2017, visent à restaurer la confiance vis-à-vis de l'UE dans l'optique des élections européennes de 2019 et dans un contexte de montée des populismes.
Après l'Espagne et le Portugal, Emmanuel Macron se sera rendu dans une vingtaine de pays de l'UE depuis son élection. Il poursuivra sa tournée au Danemark et en Finlande fin août.