Le directeur de cabinet de l'Elysée, Patrick Strzoda, était auditionné ce mardi par la commission des lois de l'Assemblée nationale. Une audition très attendue, ce dernier ayant donné l'autorisation à Alexandre Benalla d'accompagner les policiers le 1er mai, puis prononcé la sanction à son égard.
Comment il a pris connaissance des actes d'Alexandre Benalla
« J'ai appris le lendemain matin qu'un chargé de mission de l'Elysée aurait eu un comportement inapproprié et choquant. Je l'ai appris en prenant connaissance d'une vidéo qui m'a été montrée par le conseiller en charge des réseaux sociaux. Elle montrait à la fois une scène d'afrrontement violent, assez confuse, et une autre scène, celle de l'intervention de ce chargé de mission qui semblait être monsieur Benalla. »
La sanction infligée à Alexandre Benalla
« J'ai immédiatement convoqué l'intéressé, qui a reconnu sa présence sur les lieux et a justifié son comportement par sa volonté d'aider les policiers pris à partie par des manifestants violents qui ont jeté des projectiles. Je lui ai rappelé qu'en tant qu'observateur il ne pouvait pas agir de la sorte et que son comportement fautif était inaccesptable et ferait l'objet d'une sanction. J'ai porté ces informations à la connaissance du secrétaire général de l'Elysée. A ce moment là le président était ne déplacement en Nouvelle-Calédonie (...) Le secrétaire général a informe me président de la République du comportement de Monsieur Benalla et lui a proposé de donner une sanction. Il s'agissait d'une suspension de 15 jours sans traitement et une modificaiton des missions de Monsieur Benalla, qui était une rétrogradation, puisqu'il ne pouvait plus assuréer l'organisation des déplacement sofficiels du président de la République (...) Il lui aété signifié qu'en cas de nouveau comportement fautif, il serait licencié. Il a été démis de ses fonctions du 4 au 22 mai. Certains considéèrent que ces sanctions ne sont pas suffisantes (...) Je suis prêt à m'en expliquer devant cette commission (...) Ce qui s'est passé, c'est le comportement individuel fautif d'un chargé de l'Elysée, qui fait l'objet de poursuites judiciaires et pour lequel une sanction administrative a été prise. »
Sur les fonctions d'Alexandre Benalla
« Le chef de cabinet a auprès de lui des personnes qui l'assistent dans ses missions. Parmi celles-ci il y a un chef adjoint de cabinet qui fait l'objet d'une nomination publiée au journal officiel. Les autres personnes sont des adjoints au chef de cabinet, sous l'autorité à la fois du chef de cabinet et du chef adjoint de cabinet, et dont la nomination ne fait pas l'objet d'une publication aujournal officiel. »
Benalla a-t-il mené ce type d'opérations d'obesrvation sur une manifestaiton avant ?
« Monsieur Benalla m'avait informé du fait qu'il était invité par la préfecture de police en qualité d'observateur pour la mission du 1er mai. Je lui ai demandé qui l'invitait, il m'a indiqué que l'invitaiton avait été faite par le chef d'état-major de la DOPC à la préfecture de police, Monsieur Simonin. J'ai considéré que l'invitation venant d'un haut gradé avec une réputation de professionnel, et en ai déduit que la hiérarchie de la préfecture de police était au courant. J'ai accepté cette mission parce que pour moi les missions d'observateur s'inscrivent dans un cadre bien défini. Les personnes ayant le statut d'observateur ne peuvent en aucun cas intervenir dans des opérations de maintien de l'ordre. Malgré cela, ces personnes sont dotées d'équipements de protection qui permettent aussi de les reconnaître. J'ai considéré qu'il n'était pas anormal que M. Benalla observe une journée que l'on annonçait comme particulière. Je lui ai bien rappelé qu'il était hors de questions de participer activement à des opérations sur le terrain. C'est la première fois qu'il m'en a demandé l'accord. »
Qui a recruté Alexandre Benalla à l'Elysée ?
« Il a été recruté dès le début du mandat du président de la République. C'est moi qui ai signé son contrat, il faisait parite de l'équpe de campagne du président de la République, au sein de laquelle il avait des fonctions d'organisateur que tout le monde saluait. Ce qui m'a amené à l'amener à la chefferie, auprès du directeur de cabinet. »
Existe-t-il d'autres collaborateurs au statut officieux ?
« Les conseillers font l'objet d'une nomination au journal officiel, pas les chargés de mission. Il y en a une dizaine au cabinet du président de la République, mais ils ne sont pas «officieux». Leurs missions sont clairement connues, notamment de tous les organismes de contrôle que ce soit la Cour des Comptes ou la mission parlementaire de la commission des finances publiques.
Ces collaborateurs de cabinet sont sous l'autorité du directeur de cabinet, du secrétaire général du cabinet. Ils font partie d'une chaîne hiérarchique avec des missions précises. »
Quelles missions assurait Alexandre Benalla ?
« Il était chargé des déplacements du président de la République. C'est ce qui m'a amené à l'autoriser pour sa mission d'observation. Benalla devait veiller à la coordination de tous les services qui concourrent au déplacement du chef de l'Etat. Les services de sécurité, mais il faut aussi former des cortèges, s'assurer que la salle est équipée, que les personnes invitée soient toutes présentes. Cela nécessite une fonction d'ensemblier, c'est une mission extrêmement importante. La fonction de monsieur Benalla était d'assurer cette fonction de coordonation des services. Il n'est pas responsable des services dont il doit assurer la coordination.
Il était également en charge de l'organisation du programme d'accueil des personnalités que le président de la République invite pour le défilé du 14 juillet. Le président invite environ 15000 personnes, qui figurent sur un fichier qu'il faut gérer, s'assurer que les invitations sont envoyées à temps, à ce que les personnalités arrivent à temps, veiller à leur emplacement dans la bonne tribune... C'est une mission extrêmement importante, qui nécessite des réunions préparatoires, soit au Palais de l'Elysée soit à la préfecture de police, et une présence sur le terrain le jour du 14 juillet.
Enfin, Alexandre Benalla avait une troisième mission, en charge de l'organisation des déplacements non officiels du président de la République. »
Quelle est la rémunération d'Alexandre Benalla ?
« Je vais commencer par démentir les rumeurs. J'ai entendu dire que Monsieur Benalla avait une rémunération de 10000 euros mensuels, c'est faux. Il a un traitement de chargé de mission à la présidence de la République. J'ai entendu dire qu'il devait s'installer dans un duplex de 300 m2, c'est faux. J'ai entendu dire qu'il serait nommé sous-préfet : je démends formellement. J'ai entendu qu'il serait amené à prendre la direction d'un service qui regrouperait les services de sécurité de l'Elysée : je démens formellement. »
« Je ne pourrais pas vous dire quels sont les avantages dont il bénéficie, car on touche au coeur de l'organisation de l'Elysée. Ces informations sont connues de la Cour des Comptes et de la misison parlementaire de la commision des finances de l'Assemblée nationale. »
Une suspension est-elle une sanction ?
« La mesure de suspension que j'ai prise était une sanction et a été ressentie comme telle par l'interesssé. Cette sanction était le dernier avertissement en cas de nouveau comportement fautif. Tout ceci était clairement notifié dans le courrier que je lui ai adressé. Cette sanction a été doublée d'une rétrogradation. Il lui a été enlevé un champ d'action important dans lequel il excellait. Cette décision le mettait à l'écart d'une activité extrêmement valorisante. L'organisation des déplacements du président de la République sont des missions extrêmement recherchées. »
L'Elysée a-t-il souhaité saisir l'autorité judiciaire au titre de l'article 40 du code de procédure pénale ?
« Lorsque j'ai pris connaissance du comportement fautif de Monsieur Benalla, notre première réaction a été d'infliger une sanction immédiate (...) Le 1er mai était une journée extrêmement tendue sur Paris (...) Ce contexte de violence provoqué par 1200 Black Blocs s'est prolongé place de la Contrescarpe le soir. Il y a eu 31 interpellations (...) J'ai regardé la vidéo qu'on m'a présenté le 2 mai au matin. Elle montrait des affrontements et une interpellation effectuée par Monsieur Benalla, qui était l'interpellaiton d'un non professionnel, qui n'avait rien à faire là. Cette interpellation n'a pas donné lieu à un dépot de plainte ou a une ITT. J'ai considéré que je n'avai pas assez d'éléments pour justifier un recours à l'article 40. Cette scène a été signalée sur la plateforme de l'IGPN et analysée par des spécialistes, et aucune information de cette analyse allant dans le sens de l'article 40 ne m'a été adressée. J'ai pris cette sanction de suspension et de rétrogadation accompagnée d'une lettre d'information valant notification de licenciement en cas de nouveau comportement fautif. »
D'autres sanctions ont-elles été prises auparavant à ce niveau ?
« Je n'ai pas trouvé de sanctions pour un membre du cabinet. Mais j'en ai trouvé plusieurs pour les personnes travaillant dans les services de la présidence. »
Alexandre Benalla a-t-il participé à des réunion à l'Elysée durant sa période de suspension ?
« Monsieur Benalla n'était pas à l'Elysée du 3 au 22 mai. »
Avez-vous décidé en toute autonomie de la sanction ?
« J'ai proposé 15 jours au secrétaire général et ai pris la décision de notifier cette sanction à Monsieur Benalla. Le président de la République était en Nouvelle-Calédonie pour une mission extrêmement compliquée. Je n'en ai donc pas référé auprès de lui. »
que justifie les avantages de Monsieur benalla, supérieurs aux autres chargés de mission ?
« Les moyens mis à la disposition de mOnsieur Benalla ne sont pas des avantages. S'agissant de son traitement, son contrat de travail précise qu'il a droit à un traitement mensuel brut sans autres primes complémentaires. Sa voiture n'était pas une voiture de fonction, mais une voiture de service, équipée par le garage de l'Elysée pour pouvoir assurer sa mission. (...) S'agissant du logement, bénéficient les personnes qui ont des contraintes de disponibilité et un rythme de travail qui le justifient. Tous ces éléments sont contrôlés chaque année par les organismes de contrôle qui nous accompagnent. Ce sont bien les missions confiées à Monsieur Benalla qui justifient ces moyens de fonctionnement. Les chargés de mission sont affectés dans des services qui suivent les politiques publiques. Dans le secteur agricole, du développement économique par exemple, il n'y a pas cette disponibilité exigée comme lorsqu'on est associé au président de la République. »
Quelles fonctions apres la sanction ?
« On a internalisé les missions d'Alexandre Benalla. L'Elysée organise des réceptions, comme lorsque la France a gagné la Coupe du monde. Il a fallu en 24 heures lancer les invitations, organiser les jardns de l'Elysée, Monsieur Benalla a une véritable compétence dans cette fonction d'organisation. »
Pourquoi a-t-on aperçu Alexandre Benalla lors d'autres manifestations ?
« A Giverny, il s'agissait d'un déplacement d'ordre privé. S'agissant de la cérémonie d'accueil au Panthéon de Simone Veil et de son époux, c'était une manifestation entièrement pilotée par l'Elysée. Le rôel de Monsieur Benalla était de s'assurer de la bonne coordination entre l'arrivée du cortège du président de la République et du cortège amenant les deux cercueils. S'aggisant du défilé du 14 juillet des Champs-Elysées, sa mission était de s'assurer que les invités de la présidence étaient bien accueillis. S'agissant du défilé des Bleus sur les Champs-Elysées, le contexte était le suivant : cette réception à l'Elysée avait été décidée en toute urgence, et la fédération française de football nous avait fixé un cadre précis, exigeant que les joueurs quitte l'Elysée à 20h. J'avais besoin, pour un évènement dont le point final était le palais de l'Elysée, d'être sûr que la contrainte horaire serait tenue, la présence d'Alexandre Benalla était donc importante. »