Auditionné lundi après-midi, par la commission des lois de l'Assemblée nationale, le préfet de Paris, Michel Delpuech, a assuré qu'il n'avait pas autorisé Alexandre Benalla à être présent aux côtés des forces de l'ordre lors des manifestations du 1er mai.
Un «copinage malsain» dénoncé
Michel Delpuech a dénoncé des «dérives inacceptables, condamnables, sur fond de copinages malsains» entre M. Benalla et les trois fonctionnaires de la préfecture de police soupçonnés de lui avoir remis des images de vidéo-surveillance de l'incident.
Regrettant que que cette histoire ait d'importantes répercussions sur la préfecture de police de Paris dont il est le patron, Michel Delpuech a estimé qu'il fallait «avoir la sagesse et la lucidité de réformer» afin qu'une situation similaire ne se reproduise pas.
Informé par l'Elysée
Michel Delpuech a assuré avoir été prévenu par son directeur de cabinet le 2 mai au matin, de l’existence de la fameuse vidéo montrant Benalla frapper des manifestants le 1er mai, sans que l'implication de ce dernier ne soit mentionnée. Vers 10h15, le préfet de police affirme avoir reçu «un appel de Laurent Hottiaux, un collaborateur du président de la République» qui «venait aux nouvelles de l'affaire Benalla», assurant ne pas avoir compris de quoi il parlait. Prévenu de l'implication d'Alexandre Benalla dans ladite vidéo lors de ce coup de téléphone, Michel Delpuech dit l’avoir visionnée peu après, en compagnie de ses «proches collaborateurs».
Le préfet de police affirme avoir ensuite appelé le directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur, qui était «déjà informé» et «en liaison avec l'Elysée sur le sujet». Tout comme Gérard Collomb, Michel Delpuech assure qu'il a alors cessé de se préoccuper de cette affaire : «Il était établi pour moi que le sujet Benalla était traité par l'autorité hiérarchique dont il dépendait [l'Elysée]».
Surpris de la présence de Benalla
Michel Depluech a expliqué aux députés avoir découvert «avec surprise, étonnement», la présence d'Alexandre Benalla, au soir du 1er mai, dans la salle de commandement de la préfecture de police. Alexandre Benalla lui aurait simplement répondu : «J'étais sur le terrain».
Le collaborateur du président de la République était «un interlocuteur connu», a tout de même reconnu Michel Delpuech, alors que Gérard Collomb avait assuré ne pas connaître la fonction du chargé de mission.
Michel Delpuech a affirmé qu’il n’avait pas autorisé la présence de Benalla ni du gendarme réserviste et salarié de LREM Vincent Crase, sur le terrain ce jour-là. S'il avait été consulté, Michel Delpuech précise néanmoins qu'il aurait accordé cette autorisation, car Alexandre Benalla était «un collaborateur du président de la République qui travaill[ait] quotidiennement avec [s]es équipes sur les déplacements» d'Emmanuel Macron. «Mais je l'aurais mis en garde sur (...) les graves risques que présentait cette manifestation.»
Après avoir visionné la vidéo, Michel Delpuech a expliqué avoir lancé une investigation pour en savoir davantage sur les raisons ayant conduit M. Benalla à être présent sur la place de la Contrescarpe.
La question du port d'armes
Philippe Gosselin, député LR, a souligné que le ministre de l’intérieur avait refusé à trois reprises de délivrer un port d’armes à l’endroit de M. Benalla, qui lui sera finalement délivré grâce à l’autorisation de la préfecture de police. «On est en présence d’une législation assez complexe», a avancé Delpuech. «Pendant la campagne électorale un port d’armes avait été délivré pour permettre à l’agent de sécurité de protéger les locaux. Cette autorisation n’a jamais été renouvelée. Benalla a ensuite sollicité un port d’arme. […] Il y a des ports d’arme liés aux fonctions, c’est de la compétence préfectorale. […] J’ai pris cette décision. Je l’ai retirée quand M. Benalla a cessé ses fonctions.»
Le préfet de police a affirmé que ce dernier lui a été accordé car l’enquête de proximité ayant visé Alexandre Benalla avait eu des retours positifs, et que son casier judiciaire était vierge.
«J’assume cette responsabilité personnellement», a ajouté le préfet de police.
Le préfet de police a également «assumé» avoir autorisé Alexandre Benalla à porter une arme, sur demande de l'Elysée qui n'a pas fait pression en ce sens, a-t-il précisé, mais sans que le cabinet du ministre de l'Intérieur n'en soit avisé.