Joyeux assortiment de styles concocté pour un public aux oreilles «grandes ouvertes», la 27e édition des Vieilles Charrues de Carhaix (Finistère) accroche cette année Depeche Mode à son palmarès, et multiplie les occasions de fête, sous les auspices de Bollywood.
«Depeche Mode, ça fait 15 ans qu'on leur court après, on est récompensés de notre persévérance», sourit Jean-Jacques Toux, programmateur du premier festival de musique français en terme de fréquentation, qui se déroulera du 19 au 22 juillet.
C'est dans une ambiance «d'été indien» kitsch et colorée, qu'Olli & the Bollywood Orchestra, fruit de l'alliance improbable entre un musicien breton et des instrumentistes indiens, lancera les festivités jeudi.
Inspiré des récits de Bollywood, un pachyderme mécanique promènera sa lourde silhouette sur la plaine de Kerampuilh escorté de danseuses, acrobates et échassiers, avant que la nuit ne vienne plonger les festivaliers dans une vague new wave, convoquant Depeche Mode et Marquis de Sade, le magnétique groupe rennais de retour après 36 ans de silence.
Des «pointures», le festival dont l'une des ambitions est de contrer la désertification économique du Centre-Bretagne, en a encore à revendre cette année, notamment britanniques. Gorillaz, le plus célèbre des groupes virtuels, arrivera avec un album surprise, «The Now Now», tandis que le tapageur Liam Gallagher (ex-Oasis), figure de la Britpop des années 90, reviendra casser la baraque en solo.
Robert Plant, chanteur mythique de Led Zeppelin, fermera le bal dimanche avec son rock profond mâtiné de folk, blues et de tonalités d'Afrique du Nord. Pour ne pas frustrer les fans de l'artiste, dont la présence aux Vieilles Charrues n'avait pas encore été annoncée à l'ouverture de la billetterie en décembre, les organisateurs ont dû suspendre les ventes, voyant s'envoler 120.000 billets en seulement deux heures, de peur que les fans ne puissent se mobiliser à temps.
Si le weekend affiche complet depuis décembre, ce n'est pas le cas du jeudi, le festival ne profitant pas cette année du 14 juillet chômé.
«Il y a la programmation mais il y a aussi l'esprit du festival. Les Charrues, c'est une bulle de liberté, une cérémonie bretonne où tout le monde veut communier le 3ème weekend de juillet», résume Jean-Jacques Toux.
«Pas de frontières»
«On a depuis longtemps un public très joueur et il y a chaque année un thème coloré et fédérateur pour faire la fête», renchérit le directeur Jérôme Tréhorel.
Comme l'an dernier, l'édition 2018 aura une couleur très rap, dont raffolent les jeunes, du classique IAM aux punchlines de Damso, en passant par Bigflo & Oli, Rilès, Lomepal et Orelsan.
«Notre public a sensiblement rajeuni ces dernières années, c'est intéressant car ça veut dire que le festival ne s'adresse pas qu'à des quadras», se félicite M. Toux, qui salue des festivaliers «curieux, aux oreilles grandes ouvertes».
Rock psyché de Portugal. The Man, rock scénique libéré de Lysistrata, trip-hop de Massive Attack, pop pétillante de Jain, voix suave de la Québécoise Cœur de Pirate, chanson au verbe âpre d'Eddy de Pretto, sans oublier la fougue de Véronique Sanson ou les Négresses vertes, qui se retrouvent 30 ans après leur premier album... les Vieilles Charrues multiplient les univers musicaux.
«On n'a pas de frontières», revendique Jean-Jacques Toux, rappelant que 50% des artistes programmés sont encore «en développement».
Le paysage ne serait pas complet sans la scène électro et ses multiples variantes. Aux côtés de Fatboy Slim, l'un des pionniers du genre volontiers irrévérencieux, la deep house imprégnée de rock du duo parisien Ofenbach, les Belges Soulwax ou le DJ norvégien Kygo... «La programmation s'accélère avec des groupes qui émergent très vite et très fort. Il faut être réactif», reconnaît Jérôme Tréhorel, citant l'exemple de Kygo, «devenu en quelques mois un artiste planétaire».
La 26e édition des Vieilles Charrues avait enregistré 280.000 festivaliers en quatre jours.