L'herbicide contesté glyphosate devrait être supprimé en France d'ici à trois ans dans 80 à 90% de ses utilisations classiques, ont déclaré mercredi plusieurs ministres et le président Emmanuel Macron en déplacement en Bretagne.
Alors que le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert évoquait dès mercredi matin les trois exemptions envisageables à l'interdiction du glyphosate d'ici trois ans, son homologue de l'Environnement Nicolas Hulot a salué le «chemin fantastique» réalisé par l'agriculture française, si elle arrive à se passer de «80 à 90%» de ses utilisations de glyphosate.
«Les choses ne sont ni blanches ni noires», a dit M. Hulot qui accompagnait le président Macron dans l'ouest de la France. Il a jugé «normal» de donner «trois ans» aux agriculteurs pour sortir du glyphosate, car «il a été pour eux la solution pendant des décennies».
Interpellé par des agriculteurs, M. Macron s'est déclaré «convaincu» que «80% à 90% des cas» d'utilisation du glyphosate étaient gérables par d'autres solutions.
«Il y a des alternatives manuelles et d'organisation, mécaniques, il y a des alternatives avec d'autres produits naturels qu'il faut qu'on homologue et dont on doit regarder les propriétés, mais c'est faux de dire qu'il n'y a pas d'autres solutions», a dit le président, qui souhaite «sortir des guerres de tranchées sur ce sujet».
Trois cas de dérogations
Selon Stéphane Travert, qui devait rejoindre le périple breton du président en fin de journée, trois types d'agricultures au moins seraient à même de bénéficier de dérogations en cas d'interdiction du glyphosate d'ici trois ans :
«L'agriculture de conservation» sans labour du terrain avec des couverts végétaux entre les périodes de culture.
«L'agriculture en terrasse», notamment dans les vignes de l'est de la France.
«L'agriculture qui concerne la production de fruits et légumes destinés à l'industrie», qui interdit toute mauvaise herbe à tout moment dans les cultures.
Le sulfate de cuivre également évoqué
Comme en écho à la polémique sur le glyphosate, M. Travert a également évoqué un autre produit contesté en agriculture, bio en particulier, le sulfate de cuivre.
Il a fait valoir que les agriculteurs bio allaient devoir aussi trouver des solutions de remplacement à ce produit considéré comme toxique, pour traiter leurs plantes contre les maladies fongiques bactériennes.
Le remplacement du sulfate de cuivre, communément utilisé en agriculture bio dans la fameuse «bouillie bordelaise» capable de lutter contre les tavelures du pommier ou les mildious de la vigne et de la pomme de terre, «pose un problème», a dit le ministre.
Il n'existe pas aujourd'hui «de solutions alternatives et donc nous devons les trouver», a-t-il déclaré, en reprenant au passage les mêmes arguments que ceux qu'il utilise depuis plusieurs mois pour «trouver des alternatives» au glyphosate : la mobilisation des instituts techniques agricoles et de la recherche, le changement des pratiques agronomiques.
A propos du bio, M. Travert a affirmé qu'il comptait «convaincre» les sénateurs de réinstaurer l'objectif de 20% de produits bio dans les cantines d'ici 2022, supprimé en commission dans le texte du projet de loi Alimentation, adopté fin mai par l'Assemblée nationale.
«Nous allons être en séance publique au Sénat la semaine prochaine et j'espère pouvoir convaincre (les sénateurs) de revenir (sur la question de) notifier les pourcentages d'agriculture biologique dans la restauration collective», en apportant des chiffres précis «pour pouvoir se donner des objectifs et les respecter», a indiqué le ministre.
Sous l'influence d'un groupe de sénateurs LR qui estimaient qu'un objectif précis pour le bio pourrait être contre-productif et favoriser les importations de produits bio au détriment des producteurs français, la commission des Affaires économiques du Sénat a supprimé l'objectif de parvenir à 20% de bio en restauration collective publique au plus tard le 1er janvier 2022 dans le texte du projet de loi.
L'article 11 du texte conserve seulement l'objectif de parvenir à 50% de produits de qualité et labellisés dans les cantines d'ici 2022, mais ne comporte plus d'objectif précis sur le bio.